Pour ceux qui n’aurait jamais entendu parler de David Gemmell disons rapidement qu’il fut l’un des principaux auteurs anglais de fantasy de ces trente dernières années, son œuvre étant essentiellement axée sur des romans d’action menés tambour battant. La trilogie Troie fut sa dernière série, Gemmell quittant ce monde avant d’avoir pu terminer l’écriture du dernier roman lequel a donc été complété par sa femme Stella.
Mais revenons-en au Seigneur de l’arc d’argent. La série s’intitulant Troie on a tout de suite une certaine idée de ce dans quoi on s’embarque. Les remparts d’Ilion, le colérique Achille tueur d’homme, le vieux Nestor, les deux Ajax, Priam le patriarche, Hector au destin tragique, Paris, la belle Hélène, le rusé Ulysse, etc. Sauf qu’au commencement on n’en est pas encore là. Si l’Iliade débute pendant la neuvième année du siège mythique, ce roman commence lui clairement bien avant et prépare le terrain du conflit à venir entre une Grèce dominée par Agamemnon et la Troie de Priam. On a donc affaire essentiellement à une exposition de la guerre qui devrait vraisemblablement éclater dans le volume suivant, le bouclier du tonnerre.
Plutôt que de se contenter de broder vaguement à partir de la légende telle qu’elle est généralement acceptée, Gemmell reprend les personnages du mythe et les fait siens. Ceci permet de nombreuses surprises pour le lecteur tout en restant dans un certain respect du grand récit transmis principalement par Homère. Il y ajoute ses propres créations, le tout dans un univers qui semble assez vraisemblable sur le plan historique. Ainsi Troie est une cité vassale de l’empire Hittite, lequel viens d’affronter l’Égypte de Ramsès II à Kadesh. L’action est évidemment présente et toujours aussi bien maitrisé, Gemmell n’était pas considéré comme l’un des grands du genre pour rien. Pour pinailler on pourrait regretter que les dieux ne soient pas présents de la même façon que dans l’Iliade mais ce serait se montrer râleur pour pas grand chose, d’autant plus que l’on sent quand même légèrement leur influence à certains moments.
L’une des choses qui m’a étonné pendant la lecture c’est combien est peu exploitée cette légende. Autant le mythe arthurien a pu donner naissance à profusion de textes depuis de nombreux siècles et plus récemment des films en tout genre, y compris une série télévisée qui cartonne dans le PAF (et dont je recommande vivement le visionnage). Bref, Arthur, Excalibur et compagnie ont été utilisé en long, en large et en travers, au point qu’on ait parfois un peu de mal à définir ce qui est canonique et ce qui ne l’est pas. Au contraire la mythologie de la guerre de Troie a été assez peu exploitée dans la littérature et le cinéma, et pas toujours comme ça l’aurait mérité.
Bref, ceux qui aiment cette légende et qui voudraient se purger l’esprit des vilaines images laissées par l’affreux Troie de Petersen, oui celui avec Brad Pitt dans le rôle d’Achille, devraient se dépêcher de lire la dernière série de David Gemmell, cela ne pourra leur faire que du bien. Et pour l’occasion l’éditeur nous propose deux éditions, l’une classique en grand format à couverture souple et une reliée avec une couverture rigide pour les nostalgiques de vieilles collections, du genre CLA, ou les amateurs de hardcover anglosaxons.
Une réflexion sur « Le seigneur de l’arc d’argent, de David Gemmell »