La série Élévation est l’élément central de l’œuvre de David Brin. Elle compte pour l’heure six romans, dont les trois derniers forment une trilogie, ainsi que deux nouvelles (la deuxième est trouvable en français dans l’anthologie Horizons lointains).
Le principe de l’élévation consiste à ce qu’une espèce douée d’intelligence aide, entre autres par le biais de manipulations génétiques, une autre espèce à accéder à la conscience et l’intelligence. On a alors une espèce cliente qui doit respect, et un minimum d’obéissance, à son espèce patronne. Ce schéma se reproduit depuis deux bons milliards d’années, chaque espèce pouvant tracer son ascendance jusqu’aux mythiques Progéniteurs, maintenant disparus, qui les premiers firent ce cadeau empoisonné qu’est l’intelligence à une autre espèce.
L’humanité arrive dans cet univers bien ordonné comme un chien dans un jeu de quilles. Apparemment sans espèce patronne, l’humanité ne doit qu’au fait d’avoir elle-même élevé deux autres espèces, les chimpanzés et les dauphins, d’échapper à une mise sous tutelle par une autre espèce plus ancienne et plus « sage ». Et tout part en quenouille lorsque le Streaker, vaisseau sous direction humaine mais majoritairement peuplé de dauphins, découvre les épaves de vaisseaux vieux de milliards d’années, avec une étrange momie à leur bord.
Les galaxies rentrent en ébullition, la Terre se retrouve assiégée par différentes coalitions, et le Streaker, avec primates, cétacés et momie à bord, doit fuir en tout sens, évitant les armadas multi-espèces lancées à ses trousses.
Arrivé au cinquième roman, coupé en deux volumes dans cet édition française (Le chemin des bannis et Les rives de l’infini), le Streaker et son équipage se retrouvent bloqué sur Jijo, un monde perdu sur lequel des représentants de différentes espèces intelligentes, dont des humains, sont venus s’installer dans le passé, en quête d’une rédemption qui passe par la régression de la conscience.
Dans le précédent volume les exilés de Jijo avaient eu quelques soucis avec une bande de voleurs de gênes se faisant passer pour les patrons de l’humanité. Cette fois-ci ce sont à nouveaux des poursuivants du Streaker qui entrent dans la danse.
Autant le dire tout de suite, on commence sérieusement à trainer dans cette série à rallonge et c’est fort dommage vu que le point de départ était plutôt sympathique. Ceci dit l’un des intérêts de la série Elévation depuis le début est la multiplicité des points des vues, appartenant à des espèces différentes. Et pour ça on est toujours aussi bien servi avec ces différentes façons d’aborder l’univers et ses problèmes.
J’ai réussi à traverser ce bouquin plus rapidement que le précédent, principalement parce que l’intrigue se recentre autour du Streaker et de son équipage, alors que le précédent volume n’y faisait pour ainsi dire même pas allusion. Mais tout comme pour les deux précédents romans de la série Brin aurait gagné une fois encore à faire un peu (beaucoup) plus court.
Bref, il ne me reste plus qu’un roman à devoir m’enfiler pour en avoir fini avec ce que Brin a pondu pour l’instant sur le sujet, à l’exception de deux nouvelles. Et c’est bien là qu’est le soucis : Brin n’a toujours pas terminé les aventures du Streaker et l’on ne connait donc pas encore le fin mot dans cette histoire de momies galactiques. Brin a promis de s’en occuper un jour ou l’autre. Personnellement j’apprécierai qu’il se penche rapidement sur la question.
Note : La seule édition disponible jusqu’ici était celle de J’ai Lu en deux volumes, dont au moins un semble épuisé à l’heure actuelle. Le cycle étant en cours de réédition chez Folio SF on peut vraisemblablement s’attendre à voir le roman repris en un seul volume au cours des mois ou des années à venir dans cette collection.
Chronique du volume suivant Le grand défi
Et surtout ne ratez pas le très bon recueil de Brin Les sphères de cristal