La réédition du premier roman de Neal Stephenson traduit en français est un bon prétexte pour relire ce qui fut pour moi le livre de la révélation. C’est en effet par cet ouvrage que j’ai découvert celui que je considère comme le meilleur écrivain que cette Terre ai jamais connu. Rien de moins.
Snow crash c’est du cyberpunk, dans la droite lignée du Neuromancien de William Gibson ou du Cablé de Walter Jon Williams, une sorte de seconde génération du genre. Ecrit au début des années 1990, soit près de dix ans après Neuromancien, Snow Crash a bénéficié des quelques évolutions de l’informatique dans l’intervalle et semble donc légèrement moins daté que son prédécesseur. L’effet aussi de la connaissance profonde que Stephenson a du domaine, au contraire d’un Gibson qui n’est pas vraiment passionné par la question. Après tout Stephenson est aussi l’auteur d’un essai intitulé « In the beginning was the command line » (Au commencement était la ligne de commande) portant sur les systèmes d’exploitation (téléchargeable intégralement pour les anglophones).
Le futur est là. Le réseau des réseaux, baptisé Metavers, est aussi vivant que le monde réel dans lequel les Etats-Unis se sont décomposés, morcelés en petites entités franchisées auprès de grandes enseignes tel Le grand Honk-Kong de Mr. Lee, La Cosa Nostra de Tonton Enzo, la Nouvelle-Afrique du Sud ou la Narcolombie.
Dans ce monde où la technologie foisonne on suit deux personnages particuliers. L’un est Hiro Protagoniste, hackeur de génie, plus grand sabreur de tous les temps (c’est lui qui le dit) et livreur de pizza pour le compte de Cosa Nostra. L’autre est Y.T., kourière sur planche à roulette, terreur des voies express et fille d’une employée fédérale fliquée par son propre boulot.
Au menu : un virus mi-virtuel mi-réel, une circulaire sur la gestion du papier toilette, la Tour de Babel, les bienfaits de la gentillesse avec les animaux, même mécaniques, des courses de moto à cent mille kilomètres/heure, un porte-avions recyclé en radeau pour candidats à l’immigration sauvage, des disputes entre dieux sumériens, un harponneur aléoutien propriétaire d’une ogive thermo-nucléaire, et bien d’autres surprises.
Parfois un peu rapide mais toujours maitrisé le récit virevolte, slalome, louvoie, Stephenson s’autorisant quelques digressions entre deux scènes d’action, permettant au lecteur de respirer tout en proposant des idées intéressantes. On a toujours le côté délirant que l’on trouvait dès Panique à l’université, son premier roman, mais l’histoire est cette fois structurée par une intrigue avec un début et une fin dignes de ce nom. L’auteur introduit suffisamment de technique pour être crédible sans pour autant verser dans la hard science et l’hermétisme, titillant ainsi la curiosité du lecteur autre que thésard en génie logiciel.
Du début jusqu’à la fin cette relecture fut un bonheur. Que ce soit les grands moments de bravoure et les petites phrases tout est conforme à mon souvenir : du plaisir à l’état pur. Et y a pas à dire, la livraison des pizzas en 30 minutes maxi ça a de la gueule. Merci Cosa Nostra.
Bref, ceux qui n’en ont pas encore eu l’occasion sont invités à lire Snow Crash de toute urgence, les autres pourront le relire ou bien s’intéresser au reste de l’œuvre de Stephenson, en commençant par Zodiac, thriller environnemental tout à fait dans l’air du temps. En attendant la traduction prochaine de son « petit » (900 pages dans la langue de Shakespeare) dernier : Anathem.
deux bouquins juste geniaux quand on aime le style cyberpunk. j’ai tellement adore que j’en ai ressorti tous les pdf des regles des trois editions de cyberpunk rpg que je possede. merci pour ces deux lectures.
Ah ! Cyberpunk le jdr, c’était le bon temps. Je guette l’adaptation en jeu vidéo, par le studio qui s’occupe aussi de Witcher, avec une certaine envie. 🙂