Si certains des romans de l’anglais Stephen Baxter peuvent être considérés comme de la hard-science par exemple sa série des Univers multiples dont je parlerai un jour ici, certains de ses ouvrages font partie d’une science-fiction plus « grand public ». Déluge, qui ouvre un dyptique sans titre, en fait partie.
Dans ce roman Baxter se rapproche d’une certaine actualité puisqu’il y est question de montée des eaux. Voici ce qui s’appelle surfer sur la vague. Mais dans le présent cas et au contraire de la trilogie climatique de Kim Stanley Robinson, dont j’avais chroniqué le premier volume il y a quelques temps, on est là dans un roman nettement plus « léger », uniquement au sens où Baxter se permet quelques libertés relatives.
Déluge commence en 2016 et suit le destin d’un groupe de personnes retenues en otage, et donc isolées du monde extérieur, depuis cinq années. Lorsqu’ils sont libérés ils découvrent un monde qui a évidemment évolué sur de nombreux plans, le moindre n’étant pas le climat et les perturbations météorologiques. L’Angleterre est littéralement noyée sous les précipitations, les inondations s’enchainent les unes après les autres et peu à peu le monde se rend compte que le niveau des mers montent, plus vite que les modèles climatiques ne le prédisaient.
Baxter évite de passer par la simple explication usuelle, à coup de fonte des glaces polaires et de dilatation des océans. Dans Déluge la montée des eaux a une cause additionnelle, qui fait que la montée va en s’accélérant et ne semble pas connaître de fin. Bien que pouvant paraître un peu fantaisiste son explication est appuyée par quelques références en postface que l’amateur curieux pourra toujours creuser. On flirte ici avec le roman catastrophe, les habitués de Baxter auront peut-être déjà croisé ce genre dans son Poussière de Lune.
On retrouve dans Déluge certains des défauts réguliers de l’auteur, comme des personnages pas toujours très attirant, bien qu’ici je trouve le personnage du milliardaire Nathan Lammockson finalement tristement réaliste par son côté obsessionnel, à l’égal du Reid Malenfant des Univers multiples. Et comme beaucoup d’ouvrages venant des contrées anglophones celui-ci aurait peut-être pu subir une petite cure d’amaigrissement avant d’arriver entre les mains des lecteurs. Mais ce qui fait le grand intérêt du roman c’est la peinture que fait Baxter de ce monde en plein naufrage. Au fur et à mesure que les eaux montent les états se délitent, les catastrophes s’enchaînent, et l’impensable devient finalement inévitable. Ce qui est en fin de compte frappant dans ce roman c’est la rationalité des choses que Baxter présente, comme ce qu’il finit par se passer au Tibet. Affreux, incroyable et pourtant terriblement rationnel et réaliste quand on connait les horreurs dont l’espèce humaine est capable. Cependant le livre n’est pas pessimiste, pas dans le sens d’une extinction de l’espèce en tout cas. L’humanité s’adapte, encore et toujours, et cherche la survie, ailleurs ou autrement. On retrouve là cet espèce d’optimisme qui marquait l’oeuvre d’Arthur C. Clarke, l’un des maîtres littéraires de Baxter.
Un deuxième opus, dont le titre Ark sera probablement traduit par Arche, devrait arriver l’année prochaine en France. A la fin de ce premier volume Baxter nous laisse quelques pistes à propos du autrement. Arche devrait nous parler de l’ailleurs.
Déluge (Flood)
de Stephen Baxter
traduit par Dominique Haas
éditions Presses de la Cité (grand format) Pocket (poche)
560 pages (grand format) 732 pages (poche)
traduit par Dominique Haas
éditions Presses de la Cité (grand format) Pocket (poche)
560 pages (grand format) 732 pages (poche)
Vous pouvez acquérir ce sympathique pavé soit en grand format, soit en poche
Les lecteurs curieux pourront compléter leur lecture de ce site, aimablement indiqué par l’auteur, et sur lequel on peut simuler l’effet de la montée des eaux sur la géographie du monde.
Ce diptyque est dans ma PAL, faudrait que je pense à le sortir rapidement.
Surtout que c’est un des Baxter les plus accessibles : pas trop de technique et de science, et du spectacle qui décoiffe. 🙂