Wagner est l’un des grands noms de la SF française, notamment connu pour sa série des Futurs mystères de Paris. Il n’est pas surprenant qu’un auteur qui aime autant l’humour et la dérision se soit permis de produire une sorte d’hommage à Martiens go home ! de Fredric Brown.
L. G. M. est un sigle signifiant Little Green Man (petit homme vert en anglais). Ce roman est une uchronie puisque l’on se place dans un univers où la course à l’espace a sauté la Lune pour s’intéresser directement à Mars, sur laquelle les soviétiques arrivent finalement les premiers et y découvrent quelque chose de vert… Ceci provoque deux choses particulières. D’une part la monde soviétique enclenche une dynamique positive qui réduit au statut de puissance déclinante la fière Amérique de l’oncle Sam, rapprochant d’ailleurs les pays d’Europe occidentale de l’ours russe. D’autre part la découverte de martiens va pousser les gouvernants de notre monde à leur réclamer un ambassadeur, lequel fini par venir nous rendre visite. Et c’est là que les choses s’emballent.
Le narrateur du récit travaille pour les services secrets français et se voit confier la mission de remettre la main sur l’ambassadeur après l’enlèvement supposé de ce dernier. Et du Larzac à la Californie, en passant par l’URSS et les canaux de Mars, notre narrateur va voir du pays et l’ambassadeur va prendre un malin plaisir à semer un certain chaos derrière lui, pour le malheur de certains humains et le plaisir du lecteur.
L. G. M. est un bel hommage à Martiens go home !, l’ambassadeur martien étant dans la droite lignée des petits hommes verts de Fredric Brown, édoniste, sarcastique à souhait, moqueur comme pas deux et toujours près à faire déraper les humains qu’il rencontre. Pour ces derniers l’excursion touristique de l’ambassadeur relève plutôt de cauchemars de diverses couleurs. Les petites séquences d’interrogatoire du petit homme vert par les membres du KGB sont autant de petites pépites proprement réjouissantes. Sur la forme le livre est bien conçu, alternant le récit direct du narrateur avec des petites séquences permettant de développer un peu cet univers en folie dans lequel a lieu l’histoire.
Rétrospectivement je trouve qu’il y a un petit côté Goodbye Lenin dans ce livre. Je m’explique. A force d’effort et d’ingéniosité Alex, le héros du film, finit plus par créer sa RDA rêvée et fantasmée que ressusciter la république démocratique moribonde qu’a connu sa mère. Dans L. G. M. j’ai eu un peu l’impression de voir Wagner créer ce monde qui le fait rêver et qui n’est (malheureusement ?) pas le notre.
Si sa qualité de pastiche pourrait aux yeux de certains ôter de l’intérêt à L.G.M. on a pourtant là un livre plein d’idées délirantes, parfois mordant et toujours jouissif. C’est un peu l’anarchie dans le ciel… et sur la Terre. On notera en passant que la version grand format possède quatre illustrations intérieures qui sont absentes dans la version poche.
L. G. M.
de Roland C. Wagner
illustration de Philippe Gady (grand format) & Fred Sorrentino (poche)
éditions Le Bélial (grand format) & J’ai Lu (poche)
320 pages (grand format) 320 pages (poche)
de Roland C. Wagner
illustration de Philippe Gady (grand format) & Fred Sorrentino (poche)
éditions Le Bélial (grand format) & J’ai Lu (poche)
320 pages (grand format) 320 pages (poche)
Et l’on peut évidemment en faire l’acquisition, soit en grand format, soit en poche, c’est vous qui voyez.