La science-fiction peut être une littérature d’idée mais elle peut aussi être une littérature d’action. Eglise électrique de l’américain Jeff Somers est clairement plus dans la deuxième catégorie. Ce roman est le premier de ceux mettant en scène le personnage d’Avery Cates, narrateur de ses propres aventures.
L’avenir est moche, le monde est unifié et la police de la Fédération fait régner sa propre loi sur des masses pauvres et opprimées. Avery Cates passe déjà pour un vieux parmi ses semblables dont l’espérance de vie, ou plutôt de survie, s’est considérablement raccourcie. Cates est persuadé qu’il doit sa longévité à sa prudence et sa capacité à réfléchir, deux qualités qu’il estime nécessaires pour une bonne pratique de sa profession : assassin.
Mais Cates a des problèmes, comme tout un chacun, et il va se retrouver obligé d’accepter un contrat exceptionnel par sa récompense et sa difficulté : tuer le prophète de l’Eglise Electrique, une religion nouvellement apparue et dont le taux de conversion en inquiète plus d’un. Le fait que les fidèles de cette église sont de véritables machines à tuer cybernétisées ne devrait pas lui faciliter la tâche.
Le monde que décrit Somers est une sorte de dystopie, les masses y sont surveillées tel un troupeau par une élite qui n’hésite pas à équarrir quelques spécimens de temps à autre. « Noir c’est noir il n’y a plus d’espoir » pourrait-on dire à la vue de ce futur où les personnages ne croient pas en l’avenir et ont déjà du mal à affronter le présent.
Dans l’ensemble le bouquin est assez bien rythmé mais il souffre tout de même de quelques répétitions ici et là, un peu comme si le texte avait été écrit pour une publication en épisode et qu’on avait oublié d’élaguer avant de le remettre en un seul morceau. Rien de rédhibitoire mais c’est parfois un peu agaçant. Ensuite c’est très archétypal au niveau des personnages et l’ensemble de la trame scénaristique tiens avec de grosses ficelles, avec tout de même une ou deux petites surprises.
Mais finalement là où le livre pèche le plus c’est au niveau des idées. J’espérais qu’on serait un peu dans la lignée des romans de Richard Morgan et notamment de Black Man son dernier thriller cyberpunk dans lequel l’auteur développait quelques réflexions intéressantes. En fait, on est beaucoup plus proche de la série les Aux de David Gunn, pas mal d’action, personnages et situations à la limite de la caricature et pas de réflexion de fond. Bref, il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’à un popcorn assez moyen.
Notons pour finir que le livre bénéficie, dans la langue de Clarke, d’un site web pas trop mal fichu qui reprend les éléments du roman. Une curiosité qui vaut bien un rapide coup d’oeil.