Il y a de nombreuses années, j’ai croisé la plume de Paul McAuley au hasard de l’anthologie Faux Rêveur. Sa nouvelle L’histoire en marche m’avait laissé une impression mitigée, étant un texte qui s’inscrivait dans un ensemble plus large et dont le cadre ne m’apparaissait pas clair. La guerre tranquille, roman qui se passe dans la même trame historique, me permet d’explorer un peu plus largement la création de McAuley.
L’humanité s’est divisée en deux. D’un côté, la Terre et ses milliards d’habitants, dominée par quelques grandes puissances, dont le Grand Brésil. De l’autre, les colonies spatiales des Extros, séparées de leur monde d’origine et organisées en des systèmes semi-anarchiques. Entre les deux, une tension grandissante, entre une Terre qui s’inquiète de voir de lointains colons continuer des expériences génétiques aux visées post-humanistes, et des extros qui ne comprennent plus ce monde vieillissant.
McAuley met en scène divers personnages, certains organisant la guerre à venir, d’autres essayant au contraire de l’empêcher à tout prix.On sent pourtant très vite que leurs efforts seront vains. Le titre du roman lui-même laisse peu d’illusions sur l’issue du récit sur ce plan.
En fait, on se retrouve dans un schéma un peu similaire à celui de La guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux : des protagonistes ayant l’espoir d’arrêter la marche vers la guerre, alors que le lecteur/spectateur sait pertinemment qu’ils échoueront. Sur ce point, il suffit de s’intéresser un peu à l’histoire, ou à l’actualité, pour voir que le propos de McAuley est tout à fait réaliste : à partir du moment où une puissance importante est décidée à recourir à la guerre, il est difficile de l’éviter.
L’univers que décrit McAuley est très intéressant, notamment la mise en scène d’une dictature écologique sur Terre. Il évite les écueils du manichéisme, parvenant à brosser des personnages crédibles. Les avanies de Macy Minnot sont ainsi typiques de celles des petits personnages écrasés par la marche de l’Histoire. Au niveau des scènes intéressantes, l’affrontement entre les deux sorcières génétiques est un véritable combat de magie, validant ainsi la dénomination de sorcier.
J’avais une certaine appréhension avant de commencer ce roman car j’avais eu sur le net des échos sur la lenteur du récit. Je craignais donc de passer dix jours sur un livre que j’ai finalement lu en trois fois moins de temps. J’en attend maintenant la suite avec curiosité.
La guerre tranquille (The Quiet War)
de Paul McAuley
traduit par Jean-Daniel Brèque
illustration de Sparth
éditions Bragelonne
504 pages (grand format)
de Paul McAuley
traduit par Jean-Daniel Brèque
illustration de Sparth
éditions Bragelonne
504 pages (grand format)
celui-ci j’ai prévu de l’offrir. ton avis, modéré par rapport à ce j’ai pu lire ailleurs, me conforte dans l’idée.
J’ai vraiment bien aimé ce bouquin là.
« J’en attend maintenant la suite avec curiosité. ». Tu attends encore ?
Sinon bon bouquin en effet. Grâce à toi je me souviens maintenant que je dois mettre la main sur la suite en VO.
J’ai la suite quelque part en anglais. 🙂
Et j’ai déjà lu le troisième volume, en anglais, un volume qui se passe nettement plus loin dans l’avenir et pas aussi bon. Apparemment, McAuley travaille sur un quatrième roman dans le même univers.