On voit régulièrement arriver de nouveaux noms dans le domaine de la fantasy. L’année dernière, Fleuve Noir nous a proposé de découvrir Sam Sykes par le biais du Livre des abysses, premier volume d’une nouvelle trilogie, La Porte des Eons. La série s’intéresse à un groupe d’aventuriers, qui se revendiquent comme tels en insistant bien sur le fait qu’ils ne sont pas des mercenaires. Ces personnages sont rapidement entraînés dans une affaire qui les dépasse et implique de sombres puissances.
Les personnages sont assez archétypaux, avec un chef de bande au passé un peu torturé, une sorte d’archère elfe, une prêtresse, un magicien, etc. On a même un homme dragon. Le récit alterne scènes d’action et explications ou disputes entre les membres du groupe. Tout ça respire sensiblement le jeu de rôle et se lit assez rapidement.
Mais le livre souffre de plusieurs défauts. D’une part il est finalement assez volumineux, plus de cinq cents pages, alors qu’au vu des évènements qu’il contient, il pourrait largement faire deux cents pages de moins. Dans un même volume de texte, on trouve nettement plus de densité dans un Homme Rune de Peter V. Brett ou un Acacia de David Anthony Durham.
D’autre part, je ne suis pas très convaincu par le groupe de personnages principaux. Pas par le côté cliché des personnages, ça je peux très bien faire avec. Ce qui me gène c’est l’ambiance de dispute permanente. Là non plus, rien de nouveau. Tout lecture de la Belgariade ou de la Malorée se souvient des innombrables occasions où certaines personnages chicanaient à qui mieux mieux. Le problème dans le roman de Sykes est que les disputes en question semblent toujours au bord de l’affrontement mortel, et cela montre un défaut dans l’ensemble : l’absence de liant entre les membres du groupe. Si chez Eddings on s’engueule joyeusement, les héros sont malgré tout rassemblés par un objectif commun. Rien de tout ça chez Sykes. La seule chose que les personnages semblent avoir en commun, c’est justement de ne rien avoir en commun. En fait, j’ai l’impression de regarder un groupe de personnages de jeu de rôle dont le maître du jeu n’a pas réussi à trouver d’éléments pour les rassembler et les faire un minimum avancer dans la même direction.
En soit le livre va assez vite à lire, le style est assez fluide, mais au final, le résultat ne vaut probablement pas tant de pages de grand format. A trois cent cinquante pages en poche j’aurais dit oui à la suite, là ce sera certainement non.
Le livre des abysses (Tome of the Undergates)
de Sam Sykes
traduit par Emmanuel Chastellière
illustration de Jean-Sébastien Rossbach
édition Fleuve Noir
560 pages (grand format)
Si malgré tout vous voulez quand même tenter l’aventure, vous pouvez l’acquérir par ici.
Tout à fait d’accord avec ton analyse Herbefol. Ce livre ne vaut pas du tout le concert de louanges qu’il a reçu sur un site de fantasy très connu. Sur le fond l’univers est tellement rachitique qu’on peine à imaginer quoi que se soit (bestioles y comprises). Et il faut ajouter un scénario de jdr ultra-basique qui tient sur un post-it. Sur la forme des bastons et des engueulades entre protagonistes qui n’en fissent plus… avec un auteur qui est tenté par le tirage à la ligne dès son 1er roman ! Le même truc sur moins de 300 pages cela aurait sans doute passé, mais là sur 550 pages c’est limite imbuvable (et je passe sur l’humour scatologique qui devient très douteux passé la énième remarque pipi-caca-vomi).
La démarche de se moquer des clichés des Dungeons & Dragons était séduisante, mais avec un autant de défauts c’est juste un vaste coup d’épée dans l’eau.
Je n’avais pas réalisé avant de l’avoir fini que ce livre se voulait un peu moqueur à propos des clichés de type jdr/dd. Et lire ça après coup je me fais toujours l’effet d’une mauvaise plaisanterie.
Il parait que la suite est un peu meilleure, mais vu que cet avis vient essentiellement de gens qui ont déjà bien apprécié le premier, je m’en méfie grandement. De toute façon, à ce tarif là et qui plus est avec un second volume encore plus épais, on ne peut pas dire que ça m’emballe. Autant dire que j’ai bien mieux à faire de mon temps et de mes deniers.
Herbefol ayant encore été pris à partie par la patrouille elbakinienne, je vais être plus clair : ce livre est une semi-daube, la moitié de ceux qui l’ont lu ne l’ayant pas aimé du tout (la petitesse des tirages des tomes 2 & 3 prouvant que le public n’a pas suivi du tout). L’acharnement du site de la fantasy au quotidien à le présenter comme un livre de qualité appartenant à un cycle trop cool représentatif de la nouvelle vague fantasy est une insulte à l’intelligence des lecteurs. Il n’y qu’ a voir les commentaires sur babelio : note moyenne 1,75/5 ! Quel succès…
Tout à fait d’accord avec vous !
Elbakin est bien utile pour se renseigner sur des nouveautés, mais parfois la brosse à reluire est un peu lourde…
J’ai laissé tomber au bout de 150 pages de combat naval et d’abordage qui n’en finit pas…Les personnages ne sont même pas des stéréotypes, ils sont caricaturaux…