La série des Enfants de la destinée de Stephen Baxter a démarré avec Coalesence, qui alternait entre un récit situé vers la fin de l’empire romain et une intrigue dans un futur proche. Le deuxième volet de cette trilogie, Exultant, va beaucoup plus loin, tant dans l’espace que dans le temps.
Si dans le premier volume l’auteur se cantonnait sur notre monde, cette fois Baxter propose du voyage et du grand. L’action se situe environ vingt-cinq mille ans dans notre avenir et l’humanité est en pleine guerre à travers la galaxie contre les fameux Xeelees, qui donnent leur nom à ce grand univers de SF exploré par Baxter. Au milieu de ce conflit, on suit Prius qui par les étranges effets de la technologie se trouve remonter légèrement le temps avant sa disparition sur le front. Cet événement va avoir des répercussions assez importantes sur la tenue du conflit et entraîner les deux incarnations de Prius, celui du « présent » et celui du « futur », dans une vaste opération ayant pour but d’asseoir définitivement la suprématie humaine sur la galaxie.
On est cette fois dans le space opera pur, le grand, celui qui offre des décors improbables et permet de mettre en scène l’inimaginable. La peinture que fait Baxter de cette guerre et en particulier d’une humanité entièrement axée autour du conflit, avec de véritables usines d’élevage de guerriers que l’on envoie mourir sur le front en quantité proprement incalculable, a tout d’une guerre de tranchée dans ce qu’elle a de plus déshumanisant. L’auteur fait aussi le tour de divers éléments développés dans d’autres récits du même univers, et principalement présent dans les textes inédits en français, tels que les fantômes d’argent ou les oiseaux photino. On revoit d’ailleurs brièvement les coalescences développées dans le volume précédent.
Baxter fait aussi la preuve de sa capacité à exploiter les connaissances scientifiques pour nourrir son imagination par le biais de petits chapitres retraçant l’histoire des différentes formes de vie qui auraient pu se développer pendant les premiers instants suivant le big bang. Ces passages illustrent parfaitement ce qu’un esprit doué d’imagination peut produire à partir de données scientifiques sérieuses tout en gardant un raisonnement très cohérent.
Si les personnages n’ont jamais été une grande force de l’auteur, il parvient tout de même à donner un peu d’intérêt aux deux versions de Prius, individus ballottés par les grands événements et circonspects à propos de leur dualité et de leur devenir.
On a donc là ce qui fait l’essence même de ce grand cycle des Xeelees, un space opera qui repousse les limites du genre et décrit l’une des histoires du futur les plus ambitieuses de toute la science-fiction. Les lecteurs qui ont été rebutés par le côté historique de Coalescence devraient trouver pleinement satisfaction en terme de dépaysement intellectuel avec ce roman, qui ne nécessite d’ailleurs pas la lecture du précédent pour être compris et apprécié.
Exultant (Exultant)
de Stephen Baxter
traduit par Dominique Haas
illustration de Pascal Casolari (poche)
éditions Presses de la Cité (grand format) Pocket (poche)
540 pages (grand format) 800 pages (poche)
Deux formats sont disponibles : le grand format ou bien le poche
Ce billet est publié dans le cadre du Summer Star Wars, épisode VI, organisé par Lhisbei.