Mes lecteurs étaient censés être suspendus à ce blog dans l’attente de la révélation de mon titre préféré du catalogue Lunes d’encre. Malheureusement, Disney n’a pas supporté que je puisse faire autant de buzz et a décidé d’annoncer son rachat de Lucasfilm rien que pour me casser les pieds. Et d’annoncer un septième épisode de Star Wars dans la foulée, juste pour bien me donner envie de prier que les prophéties maya soient exactes et que 2013 ne voit jamais le jour. Bref, aujourd’hui j’ai l’impression d’être un lendemain de cuite, sans avoir eu le plaisir de descendre de la bière la veille.
Mon livre préféré dans la collection Lunes d’encre est donc La magnificence des oiseaux de Barry Hughart. Vu que ça fait un peu court pour un billet de blog, je vais développer et notamment expliquer pourquoi cet ouvrage et pas un autre.
Présentons d’abord l’oeuvre. Ecrit par l’américain Barry Hughart, La magnificence des oiseaux est publié en anglais en 1984 et devra attendre seize ans sa traduction française. Premier volume d’une série de trois, il met en scène Boeuf Numéro Dix, jeune villageois tentant de sauver les enfants de son village frappés par une sorte d’épidémie de coma. Rapidement, sa route croise celle de Maître Li, un vieil homme pas si sage que ça, et les deux compères s’embarquent alors pour des aventures rocambolesques.
Ecrit comme ça, l’intrigue semble d’une grande simplicité et pas d’une originalité folle. Tout simplement parce que l’intérêt de l’ouvrage ne réside pas là, mais dans tout le reste. Le décor tout d’abord. La magnificence des oiseaux se situe dans une Chine mythique, pas celle des livres d’histoire mais celle des contes, celle dans laquelle tout est plus grand et plus ancien que dans la réalité. Une Chine au-dessus de laquelle veille l’Auguste de Jade depuis les Cieux. Bref, une Chine qui n’exista jamais, comme le dit l’un des sous-titres originaux du bouquin (A China that never was).
Ensuite, viennent les personnages. En premier, Boeuf Numéro Dix, narrateur, jeune homme costaud et un peu naïf que les gens sous-estiment facilement. Arrive ensuite Maître Li Kao, avec son léger défaut de personnalité. Une sorte de vieux sage qui aurait mal tourné. Bourré de culture, d’intelligence mais aussi d’idées irrévérencieuses. Enfin, toute la cohorte des personnages que nos deux héros rencontrent. Des personnages hauts en couleurs. Des personnages dont les noms annoncent le caractère, la fonction. Ma le Grigou, Chen le Ladre, Vierge en Pâmoison…
Il y a aussi la belle plume de Hughart. Toujours dans le style d’une chinoiserie, avec ces descriptions qui s’étalent légèrement, ces empereurs au palais de mille chambres et ces six cents dieux nommés. La version française est servie par une magnifique traduction. Ayant eu l’occasion de relire une chapitre en anglais, j’ai eu la sensation d’avoir simplement relu le même texte, avec le même ressenti. Pas la moindre sensation de perte ou de manque.
Le récit est dense et riche en rebondissement. Et si Boeuf Numéro Dix prend parfois le temps de faire quelques écarts par rapport à l’intrigue, ce n’est généralement pas gratuit. Les péripéties sont souvent abracadabrantes, et pourtant on se laisse porter par l’ensemble sans jamais se plaindre qu’il y en ait trop. Au contraire, on en redemande.
Enfin, il y a tout simplement le fait que l’histoire n’est pas aussi simple qu’elle n’y parait au premier abord. Les protagonistes sont emmenés bien plus loin qu’ils ne l’imaginaient au départ et leur émerveillement n’a d’égal que celui du lecteur, qui même à la deuxième lecture ne peut s’empêcher de s’enthousiasmer pour cette belle aventure qui sait faire rêver.
La magnificence des oiseaux (Bridge of birds)
de Barry Hughart
traduit par Patrick Marcel
collection Lunes d’encre
éditions Denoël
343 pages (grand format)
Vous pouvez faire l’acquisition de ce magnifique livre par ici
Les 3 de la série m’attendent. Ton billet me donne bien l’envie de les mettre sur le haut de la pile. Mais elle est si haute…
CYRILLE, si j’ai un conseil à te donner, c’est bien d’oublier ta pile et de prendre fermement Bridge of birds par la tranche ! Enfin quand je dis: prends fermement, je galège, au bout de quelques pages, c’est ce Pont d’oiseaux qui ne te lâchera plus ! C’est éminement drôle, poétique, sage, révolutionnaire, philosophique, et j’en passe ! Bon Voyage ! Béni soit Barry Hughart !
Oh c’est vrai trouvé « dans le style d’une chinoiserie » 🙂 Je dirai même que l’intrigue est très riche en rebondissements ! Tu as raison en stipulant que l’histoire n’est pas aussi simple, et c’est tout de même marrant de les suivre dans leurs aventures.
depaysement garanti, absence totale d’ennui aussi. j’ai devore ce livre comme je me jetais sur une poule au riz de ma grand mere etant ado (mon tour de taille m’ayant depuis appriss a moderer mon appetit).