Parmi les bizarreries qui nous viennent de l’autre côté de la Manche, la série de la Laverie de Charles Stross ne fut pas la moins étrange à atterrir entre mes mains. A côté du diptyque Crépuscule d’acier/Aube d’acier et de sa série des Princes Marchands, la Laverie est l’une des principales séries de l’auteur britannique. Et son premier volume, Le bureau des atrocités, une entrée en matière intéressante.
Bob Howard travaille pour la Laverie. Cela ne veut pas dire que Bob Howard récupère les taches sur les costards des cadres de la City. Non, Bob Howard travaille pour un service très spécial, et très secret, de sa gracieuse majesté. La Laverie se charge de protéger la nation, et si possible ses habitants, de toutes les horreurs qui sortent du cadre de ce que nous appelons la réalité. Toutes ces choses tapies dans les espaces entre les dimensions, les créatures surgies d’éons, les entités innommables, etc. Bref, tout ce que le citoyen lambda tient pour les divagations d’un misanthrope de Nouvelle-Angleterre, tout ceci est réel et Bob se charge de nous en protéger. Du moins, il essaye.
Pour ce faire, il dispose de ce que des siècles de recherches occultes ont rassemblé, sorts et enchantements variés, mais aussi du meilleur de la technologie du début du XXIème siècle. Ainsi, on ne balance plus les sorts à coup d’incantations compliquées dans des langues imbitables, on les utilise comme appli sur son téléphone portable. Tout ça devant rester plus ou moins caché au grand public à qui l’on fait avaler des couleuvres qui feraient s’arracher ses cheveux à Fox Mulder.
Le bureau des atrocités est donc un savoureux mélange de l’horreur lovecraftienne et du techno-geek à la Neal Stephenson, le tout se mariant plutôt bien. Le récit à la première personne n’est pas dépourvu d’humour, en particulier vis à vis de la bureaucratie britannique et Charles Stross exploite plutôt bien son concept.
Ce volume contient aussi un deuxième texte, La jungle de béton, qui se passe dans la même série. On y retrouve Bob Howard, qui le temps d’une novella doit faire face à une conséquence intéressante de la vidéosurveillance. Voila donc un roman fantastique créant un univers assez original, non dénué de cohérence malgré son abord un peu surprenant, et agréable à lire. On évitera juste de trop s’intéresser à la couverture qui ne lui rend pas justice. Et comme le sort fait bien les choses, il y a d’autres volumes des aventures de Bob Howard.
Le bureau des atrocités (The Atrocity Archive)
de Charles Stross
traduit par Bernard Sigaud
illustration de Jackie Paternoster
collection Ailleurs & Demain
éditions Robert Laffont
384 pages (grand format) ou 474 pages (poche)
Si vous aussi vous voulez protéger le monde ce qui le menace, n’hésitez pas : gros calibre ou petite munition
un tres bon livre avec des personnages sympathiques 🙂