Après avoir abordé le space opera militaire par l’intermédiaire de la série Honor Harrington, voyons un peu si les autres séries du genre sont du même tonneau. Intéressons-nous donc un moment à La flotte perdue, de Jack Campbell, avec son premier volume intitulé Indomptable.
Black Jack Geary est un héros légendaire sorti d’un siècle d’hibernation pour être propulsé à la tête des restes de la flotte de l’Alliance, récemment défaite par celle des Syndics. A charge pour lui de rassembler les survivants et d’essayer de les guider tant bien que mal pour les ramener à bon port.
Ce point de départ n’est pas très original et repose sur quelques invraisemblances, mais ça m’a paru acceptable sur le moment, disons dans les limites supposées du genre. Le bouquin contient évidemment un peu de batailles spatiales, tout comme dans les romans de David Weber. Mais déjà sur ce plan, Campbell se distingue un peu, son protagoniste faisant plus preuve d’astuce que de simple entêtement pour s’en sortir.
Le côté flotte errante de celle « flotte perdue » a des petits airs de Battlestar Galactica, avec les éternels soucis logistiques et l’inquiétude permanente de la navigation en territoire ennemi. Tout comme chez Weber, Campbell réfléchit aux problèmes que pose une bataille dans un environnement en trois dimensions, avec les grandes distances qui séparent les vaisseaux et donc les temps de communication (et de détection) que cela implique. L’auteur tente de respecter un minimum les lois de la physique, tout en arrivant à donner un peu de spectacle.
Là où Campbell parvient vraiment à se distinguer, c’est sur son personnage central et sur sa perception du monde. Chez Weber, Harrington est un personne sûr de ses convictions, convaincu d’être du bon côté et d’œuvrer pour le bien, quitte à faire des sacrifices. Les choses sont beaucoup plus nuancées avec Geary, qui se réveille après des décennies d’hibernation pour découvrir que son coup d’éclat passé, qu’il voyait comme une idiotie, a été érigé en modèle de bataille par sa nation, au point d’envoyer les soldats au massacre, la fleur au fusil, persuadés que le courage sans faille suffit à remporter les batailles. Geary se retrouve ainsi confronté en permanence à la figure mythique que l’on a conçu à partir de lui. Et l’on perçoit assez rapidement que chez lui l’envie de l’emporter n’est pas forcément plus importante que l’envie de sauver des vies.
Bref, au vu de ce premier volume, je trouve la série un peu plus attrayante qu’Honor Harrington et je vais me faire un plaisir de lire la suite pour voir si cela conforte cette impression.
Indomptable (Dauntless)
de Jack Campbell
traduit par Frank Reichert
illustration de Didier Florentz
éditions L’Atalante
384 pages (grand format)
Pour vous engager dans la flotte, signez là.