Le nom du vent, premier roman de l’américain Patrick Rothfuss, a marqué le paysage de la fantasy lors de sa sortie il y a quelques années. Je ne suis pas seul à être tombé sous le charme de Kvothe et de ses aventures et donc, comme beaucoup d’autres, j’ai attendu la suite, patiemment. Et après trois ans d’attente, quatre pour les lecteurs anglophones, la deuxième journée de cette Chronique du tueur de roi est arrivé.
L’histoire repart avec Kvothe qui continue de conter ses aventures à l’université. On se replonge rapidement dans l’univers de Rothfuss et les difficultés de l’étudiant qui tente de concilier ses études avec les occupations permettant d’en payer les frais. Heureusement, on ne reste pas éternellement sur l’université et Kvothe finit par partir parcourir un peu le monde. L’occasion de découvrir un peu du pays et de voir comment se débrouille le protagoniste en dehors de l’université dont il avait plutôt bien intégré les mécanismes. Et comme dans le précédent roman, c’est aussi l’occasion de faire des rencontres, qui marqueront la vie du personnage et contribueront pour certaines à forger sa réputation légendaire.
Dès la première page, j’ai replongé dans l’écriture de Rothfuss avec délice (et j’en remercie la traductrice). J’avoue que son style en lui-même me suffit déjà pour apprécier ses livres. Mais l’intérêt de l’ouvrage ne se limite pas à ça, fort heureusement. L’auteur continue de jouer avec la légende et la réalité. La version racontée par Kvothe est plus « simple » et moins « épique » que le mythe forgé autour du personnage, mais l’histoire reste pourtant fantastique par bien des aspects et se révèle parfois plus remarquable que la légende. Une façon de montrer que la réalité est parfois tellement extraordinaire qu’on la juge moins crédible que la fiction.
En parallèle du récit de Kvothe, on continue de voir quelque chose se tisser dans le « présent » de l’ouvrage. Je ne sais pas si cela servira au développement d’une intrigue plus large par la suite, mais l’on sent que tout ça n’est peut-être pas totalement sans lien avec le passé de Kvothe. Enfin, sur toute la partie universitaire du récit j’ai beaucoup apprécié l’approche de la magie de Rothfuss, assez similaire à celle d’un cursus d’ingénierie.
La peur du sage est un deuxième volume qui s’est fait attendre un moment mais qui, de mon point de vue, aura bien récompensé la patience du lecteur. Il est possible que l’on doive encore patienter quelques années avant de profiter du troisième roman, mais que Rothfuss prenne le temps qu’il faudra, tant qu’il arrive à livrer un aussi bel ouvrage, je serai un lecteur comblé.
La peur du sage (The Wise Man’s Fear)
de Patrick Rothfuss
traduit par Colette Carrière
illustrations de Marc Simonetti
éditions Bragelonne
574 & 622 pages
C’est donc disponible en deux volumes : le premier et le second
J’avais bien aimé le premier tome VO, mais j’ai lu partout que le second VO (c’est à dire tes deux volumes VF) était trop long. Tu n’as pas eu ce sentiment ?
Non, pas de problème de longueur. Mais j’avoue que ça pourrait faire trois mille pages, je m’en cognerai comme de l’an 40 pour peu que ce soit aussi bien écrit. Je trouve vraiment que Rothfuss a une écriture particulière, qu’il se différencie (entre autres) des autres auteurs sur ce point. Ce qui fait que ça peut être long, ça ne me gêne pas. C’est comme Kurosawa au cinéma, même quand ça dure trois ans, y a pas une image en trop. 🙂
Oh ! Je veux le lire, je le veux, je le veux ! J’avais adoré le premier tome 🙂
Surtout après avoir lu ton article !
Au fait, j’ai vu que tu as le premier tome de Graceling dans ta PAL, puisque j’organise une LC pour la saga sur Livraddict, je me permets de te proposer de te joindre à nous si tu as envie de le lire en bonne compagnie 😉
Désolé, mais j’ai pas mal de trucs qui ont besoin que je m’occupe d’eux ces derniers temps (et je prends du retard). Graceling risque de patienter encore un moment (voire quelques années :p ) avant que je m’y intéresse.
Faut absolument que je lise ce tome 1 (j’ai honte…).
Faut pas avoir honte. On s’occupe des bouquins quand on peut/veut. Et surtout, il faut y prendre plaisir et éviter que ça devienne une corvée.
Le travail de la traductrice est vraiment soigné pour se sentir si proche de l’écriture de Rothfuss. J’ai moi aussi plongé directement dans ces deux parties. Et j’ai savouré cette histoire. J’ai trouvé ce deuxième volume tout aussi appréciable que le premier. J’ai été vraiment transportée.