Cet automne, les éditions Critic nous proposent le début d’un space-opera écrit par un nouvel auteur, François Baranger. Ce dernier était jusqu’ici connu comme illustrateur. La présentation de Dominium Mundi parlant d’une croisade dans l’espace, il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour tenter l’expérience.
En 2202, une partie de l’humanité vit dans l’Empire Chrétien Moderne et a tenté d’atteindre de nouveaux mondes. Les premiers colons débarqués sur une planète autour d’Alpha du Centaure y découvrent ce qui pourrait être le tombeau du Christ, avant d’être massacrés par les autochtones, les Atamides. Le pape Urbain IX décrète alors une croisade à travers les étoiles.
Cette première moitié de roman pèse six cents pages mais se lit rapidement grâce à une écriture assez fluide. On intègre facilement les tenants et les aboutissants de l’intrigue et les personnages sont assez simples à cerner (bien que parfois un peu trop caricaturaux) et l’on sent rapidement qu’il y a plus dans cette affaire qu’une simple croisade pour un hypothétique tombeau du Christ. Baranger réutilise les noms de personnages de la première croisade ce qui ajoute à l’ambiance de son roman. Son univers est tracé à coups d’explication ou d’extraits de média qui s’insèrent assez bien dans le récit. Enfin, l’ouvrage a une belle illustration de couverture de l’auteur lui-même.
Le livre n’est pas exempt de certains défauts, comme la crédibilité de l’univers, ainsi que quelques petits problèmes de temporalité (entre autres dû à un passage en hibernation des croisés). Mais ceci n’est en rien rédhibitoire pour un space-opera mâtiné de mysticisme chrétien. Le problème est ailleurs.
L’ouvrage est trop long et probablement mal équilibré. Du fait de sa longueur, l’éditeur a pris la décision de publier le roman en deux volumes, ce qui se comprend. Mais il aurait certainement été plus avisé d’en réduire sensiblement la longueur. Ce premier volume de six cents pages aurait pu perdre la moitié de son texte sans rien enlever à l’intrigue, à l’univers ou aux personnages.
Mais surtout, je soupçonne qu’il y a un gros déséquilibre entre cette première moitié et la seconde, que je n’ai pas encore pu lire (elle sera publiée en mars prochain). En effet, si l’on s’aperçoit assez rapidement que cette expédition couvre plus qu’une simple croisade pour un lieu saint, on n’en apprendra cependant pas plus au cours de ce volume, malgré son épaisseur. Pas la moindre révélation digne de ce nom, pas la plus petite miette à se mettre sous la dent. La dernière scène de l’ouvrage est symptomatique de cet état de fait : deux personnages discutent de ces choses que l’on cache aux autres protagonistes (et au lecteur) depuis le début. On se prend à espérer enfin une petite pépite d’information. Il n’en sera rien, le dialogue se faisant uniquement à base de Ce-truc-secret-dont-personne-ne-doit-se-douter. Pourtant, cette scène aurait pu fournir un très bon hameçon pour ferrer le lecteur avec une petite révélation, lui donnant ainsi un os à ronger en attendant le volume suivant.
La longueur des ouvrages est un problème récurrent de la SF, mais la comparaison avec un spécialiste du genre, Peter F. Hamilton, est sans appel. L’Aube de la nuit est un très, très long récit qui mériterait des coupures et des allègements un peu partout, et pourtant une fois terminé le premier volume de six cents pages, l’intrigue a bel est bien décollé. Ce qui n’est finalement pas le cas pour Dominium Mundi, qui contient pourtant moins de personnages et un univers moins large que celui d’Hamilton. J’avoue être un peu inquiet pour la suite. La seconde moitié sera peut-être un véritable feu d’artifice qui récompensera le lecteur, mais je ne peux aucunement recommander la lecture de ce premier volume pour le moment.
Dominium Mundi – Livre I
de François Baranger
illustration de François Baranger
éditions Critic
603 pages (moyen format)
Si vous voulez tenter votre chance, vous pouvez l’acquérir par ici