Étant inscrit pas totalement de mon plein gré au challenge Jack Vance de la Prophétie des ânes, j’ai fait le tour de la très riche œuvre de l’auteur et décidé de commencer par son cycle de la Terre mourante, dont les deux premiers livres sont regroupés en un seul volume au format poche.
Le monde de la Terre mourante est un univers de fantasy créé par Vance au début des années cinquante et qu’il utilisera jusque dans les années quatre-vingt. Situé dans un futur très lointain où le soleil peut s’éteindre à tout moment, on y découvre un monde dont l’apogée est depuis longtemps révolue et dont les habitants glanent les miettes d’un passé prestigieux.
Le premier livre, Un monde magique, est une succession de six nouvelles mettant en scène une même série de personnages. On y découvre donc ce monde étrange et l’on fait la connaissance de magiciens ambitieux et de truands cruels et sans morale. Vance dépeint des situations parfois graves avec une touche abracadabrante. Le deuxième livre, Cugel l’astucieux, est un assemblage de sept nouvelles en une sorte de roman, centré sur un personnage éponyme. Ce dernier est une sorte de filou dont les plans tournent généralement court et qui finit autant victime que coupable face à des personnages au final aussi peu recommandables que lui.
Au premier abord, cela peut sembler une lecture un peu quelconque. Pourtant, j’avoue y avoir pris pas mal de plaisir. Si le fond des intrigues est assez limité, la façon qu’a Vance de raconter ses histoires rend la chose très plaisante. Et les aventures de Cugel, filou convaincu de ses talents et de son bon droit qui finit invariablement en dindon de la farce, sont un vrai régal.
L’une des forces de Vance est d’arriver en quelques détails à créer la sensation d’un monde riche, ancien et foisonnant de diversité. Soit tout le contraire des duneries dont j’ai parlé dernièrement, où l’on a l’impression qu’un univers de plusieurs milliers de monde habités se résume en fait à dix planètes et deux ou trois familles, alors que tout ça s’étale sur plus de deux mille pages. Chez Vance, c’est tout le contraire, il sait faire vivre et donner richesse à ses création en à peine quelques lignes. Ce volume qui contient deux ouvrages en à peine plus de quatre cents pages arrive à faire voyager le lecteur à travers tout le monde de la Terre mourante.
Au-delà des avanies de ses personnages, au premier rang desquels le fort malchanceux Cugel, la Terre Mourante me séduit aussi par cette ambiance de monde déclinant. Il y a comme une sensation d’être au bord de l’effondrement, de l’approche de la fin de toutes choses, sans pour autant verser dans la déprime. Une sorte de résignation à l’inéluctabilité du destin et à savoir profiter de la vie en attendant. En tout cas, voilà une lecture qui m’aura fait passer un bon moment. Vivement le seconde volume.
La terre mourante 1 (The Dying Earth & The Eyes of the Overworld)
de Jack Vance
traduit par Paul Alpérine et France-Marie Watkins
illustration de Marc Simonetti
éditions J’ai Lu
448 pages (poche)
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