Entre deux pavés de SF ou de fantasy, il est bon de s’offrir une petite respiration avec un livre léger et pas trop long. J’ai donc récemment lu un petit livre écrit par un duo d’auteurs français, Sylvie Miller et Philippe Ward. Un bouquin mettant en scène un détective privé dans une Egypte où vivent les dieux de la mythologie, voilà qui me semblait plutôt emballant. Place donc à Lasser – Un privé sur le Nil.
Jean-Philippe Lasser est un détective privé gaulois que les aléas de l’existence ont poussé à venir s’installer en Egypte. Il tente d’y exercer son métier et de gagner suffisamment pour continuer à boire des whisky au bar de l’hôtel Sheramon. Mais les enquêtes de Lasser se démarquent de celles de ses collègues par sa clientèle : c’est visiblement à lui que les dieux font appel lorsqu’ils ont un soucis.
Le cadre créé par Sylvie Miller et Philippe Ward est celui des années 1930, dans une version fantasmée avec la présence des dieux de toutes sortes parmi les mortels. La géographie est donc revue sur la base de celle de l’antiquité, Lasser est un gaulois, l’Egypte est voisine de la Phénicie, etc. Et les divinités sont là dans chaque pays pour infliger des tourments de toutes sortes à leurs adorateurs.
Le récit est découpé en une succession de petites enquêtes, dans lesquelles on demande à Lasser de retrouver un peu tout et n’importe quoi, y compris un chat. Rien ou presque ne sera épargné au détective qui semble servir de détecteur à objets perdus tout autant que d’arbitre dans les chamailleries entre divinités. Et si Lasser est en relativement bonne faveur auprès de certains, il a évidemment ses némésis, que ce soit chez les humains ou les immortels, avec une mention spécial à Seth, casse-pied permanent et véritable comploteur à la petite semaine aux plans voués à l’échec.
Dans les règles de l’art, Lasser nous raconte son histoire lui-même. Accompagné de sa secrétaire Fazimel, qui lui sert entre autres de taxi (à ses risques et périls), il est toujours prêt à s’intéresser aux témoins, surtout si ce sont de jeunes femmes, et ne dédaigne pas un bon verre. Si les enquêtes ne cassent pas trois pattes à un canard en terme de résolution, elles sont par contre toujours une occasion de voir que les dieux ne valent pas mieux que les mortels. On sent bien la frustration du mortel contraint de travailler pour des gens capables de le transformer en nuage de fumée s’il les contrarient un peu trop. Et on s’amuse avec Lasser lorsqu’une divinité finit par se mordre les doigts.
Voila un ouvrage qui se lit avec plaisir et l’on sent que les auteurs en ont pris beaucoup à l’écriture. Ils ont d’ailleurs réalisé un site autour de la série, présentant ainsi les figures mythologiques, les bonnes recettes dont profite Lasser mais aussi les véhicules dont quelques splendides voitures d’autrefois qui raviront tout amateur de ce style de chose. Et ceux à qui cette lecture plaira pourront se réjouir de savoir que les aventures de Lasser ne se limitent pas à ce premier volume.
Lasser – Un privé sur le Nil
de Sylvie Miller & Philippe Ward
illustration de Ronan Toulhoat
éditions Critic
328 pages (moyen format)
Vous pouvez aussi consulter l’avis de Lelf
Pour en faire l’acquisition c’est par ici
Il m’intéresse depuis sa sortie, mais il a la fâcheuse tendance à se faire systématiquement doublé par d’autres bouquins sur ma liste d’achats…
Je me demande si je ne vais pas attendre une hypothétique sortie poche…
L’hypothétique sortie poche risque de ne pas arriver avant longtemps, voire de rester hypothétique. Les labels poche piochent encore assez peu dans les catalogues des éditeurs small press. 🙂
Décidément va vraiment falloir que je me décide à le lire celui-là.
Cela faisait un moment que ma chérie me disait de m’y mettre justement. Maintenant, je vais pouvoir me lancer dans le deuxième volume, en attendant le troisième qui arrive dans les prochains mois.
Original ! 🙂