La couverture est souvent le premier contact entre un lecteur potentiel et un livre. Celle de Magie brute est du genre qui tape dans l’oeil. Pas forcément très jolie, elle fait néanmoins preuve d’une certaine efficacité et son côté un peu bourrin a suffit pour établir le contact avec l’ouvrage. Je vais donc vous parler un peu du premier volume des Chroniques du Grimnoir de l’américain Larry Correia.
Jack Sullivan est détective privé dans les Etats-Unis du début des années 1930. Mais il sert aussi occasionnellement de supplétif au FBI lorsque les agents de ce dernier sont confrontés à des criminels d’un type particulier : ils sont capables de se téléporter, de lire dans les esprits ou de soulever des voitures. Et Sullivan dispose d’un pouvoir du même genre. Mais ce qui démarre comme une simple affaire de police va se transformer en véritable affrontement entre deux visions du monde.
Magie Brute, c’est un peu les X-Men dans les années 30. La trame générale est relativement simple et les personnages sont assez archétypaux, mais Correia manipule tout ça avec un certain dynamisme qui fait tourner les pages rapidement. Et en jouant sur le fait que le récit se passe dans des années 30 qui ne sont pas tout à fait celles que l’on a connu, il peut s’autoriser nombre de clins d’œil et de références. On assiste à un exercice un peu similaire à celui que pratique Kim Newman dans son Anno Dracula. Qu’il s’agisse de figures réelles, comme le général Pershing ou Melvin Purvis, ou bien de personnages fictifs inspirés par la réalité, comme Stuyvesant qui a un air de famille avec Howard Hughes, c’est un plaisir de voir comment Correia les met en scène.
Si tout l’aspect pouvoirs spéciaux est bien exploité par l’auteur, on peut quand même lui reprocher de faire un peu trop dans la surenchère sur la fin, au point de s’inquiéter légèrement pour la suite de la série. J’ai aussi trouvé quelques accrocs dans la traduction, dont une belle boulette dans un épigraphe qui fera tiquer tout bon fan de western.
Correia étant un créateur d’uchronie digne de ce nom, il livre un livre bourré de références et de petits détails qui enrichissent son univers, entre autres par le biais d’épigraphes qui permettent d’en apprendre un peu plus sur le passé de ce monde et donnent quelques indices sur son point de divergence. L’ouvrage n’est pas avare en action, la couverture ne ment pas sur la sulfateuse, et c’est plutôt bien mené sur ce plan, c’est très visuel la plupart du temps et carrément jouissif par moment. On a parfois plus l’impression de regarder un film de super-héros que de lire un roman.
Magie brute est donc un film roman qui se lit avec facilité et surtout beaucoup de plaisir. Ce n’est peut-être pas un livre qui restera éternellement dans ma mémoire, mais il m’a procuré suffisamment de bons moments pour que j’envisage sereinement de lire le volume suivant, même si ce premier opus se termine sans nécessité de poursuivre l’aventure. Bref, un bon divertissement qui me fait dire « J’en veux encore. »
Magie brute (Hard Magic)
de Larry Correia
traduit par Marie Surgers
illustration de Vincent Chong
éditions L’Atalante
475 pages (grand format)
Si vous voulez tenter l’aventure, c’est par ici.
La couverture en jette !