Dernier volume publié en français du cycle des Inhibiteurs, mais pas le dernier écrit par l’auteur puisqu’il existe une préquelle en anglais, Le gouffre de l’absolution apporte un semblant de conclusion à la première série d’Alastair Reynolds. Voyons un peu si cela valait la peine de s’enfiler les quelques milliers de pages que pèse l’ensemble.
Le gouffre de l’absolution se divise en trois trames à trois époques. La plus ancienne est celle qui disparaîtra en premier et qui dans l’absolu aurait pu ne pas être développée et simplement traitée par quelques petits retours en arrière (mais cela n’aurait économisé qu’une trentaine de pages sur plus de sept cents). La trame la plus éloignée dans le futur est évidemment celle vers laquelle tout va converger à la fin. Reste la trame médiane qui permet de faire le lien avec les ouvrages précédents et en particulier L’arche de la rédemption, puisque l’on y retrouve les anciens passagers du Spleen de l’infini, temporairement installés sur Ararat.
Les lecteurs de ce roman devraient avoir lu les précédents et ne seront donc pas surpris par le côté assez lent du récit au début de l’ouvrage. Le rythme va aller en s’accélérant et finir à toute vitesse. Reynolds est égal à lui-même dans la description de cet espace interminable, vide et froid. Et les ultras sont toujours ces post-humains rendus à moitié fous par les immensités glacées, sombres et désertes qu’ils parcourent. L’auteur sait aussi créer des images étonnantes, comme ces cathédrales mobiles faisant inlassablement le tour de leur monde. Enfin, il y a ce qu’il faut de remise en situation pour aider les lecteurs dont les souvenirs des épisodes précédents ne seraient pas très frais.
Ce dernier volume est aussi l’occasion de mesurer le chemin parcouru depuis L’espace de la révélation. L’univers de Reynolds a gagné en détail et en cohésion et la plongée dans l’avenir offerte par l’épilogue m’évoque certains passages de Stephen Baxter. J’y retrouve cette même sensation de vertige que dans Temps ou Exultant et qui est la marque des grands auteurs de space opera.
Le gouffre de l’absolution est un livre qui conclu correctement la série des Inhibiteurs, les points essentiels sont résolus. Mais Reynolds ne répond pas à tout et ouvre même quelques pistes, qu’il explore dans la nouvelle Galactic North (lisible en français, quelle chance). La question est maintenant, vais-je d’abord lire les deux autres romans de Reynolds disponibles en français (La pluie du siècle et Janus) ou bien dois-je directement passer à l’anglais pour lire The Prefect, préquelle aux Inhibiteurs ?
Le gouffre de l’absolution (Absolution Gap)
d’Alastair Reynolds
traduit par Dominique Haas
illustration de Chris Moore / Alain Brion
éditions Presses de la Cité / Pocket
760 pages (grand format) 1184 pages (poche)
Je suis dans une période très space opera, Reynolds est donc un auteur qui m’attire fortement, dans cette mouvance « new space opera » et cet univers froid, sombre, loin du clinquant de la SF d’antan.
Par contre, faut pas avoir peur des pavés quoi ! 😀
Oui, faut pas avoir peur du volume avec lui.
Avec L’espace de la révélation, Reynolds a pris comme contrainte de départ de rester dans un univers où l’on ne dépasse pas la vitesse de la lumière. Quelque part, cette série c’est un peu le contrepoint de Peter F. Hamilton : pas de déplacements supraluminiques, récit assez lent et aux nombres de protagonistes finalement assez restreint, etc. Il reste le point commun du volume de texte. :p
C’est sûr qu’un space-opera qui se « contente » de la vitesse de la lumière, ce n’est pas si courant ! Intéressant, le développement des intrigues et des civilisations doit forcément être très différent de ce qu’on a l’habitude de voir dans le genre.