La trilogie Fils-des-Brumes de Brandon Sanderson reste l’un de mes meilleurs souvenirs de lecture de ces dernières années, dans le domaine de la fantasy. L’auteur étant un graphomane impénitent, il a décidé de continuer à explorer cet univers, en plus de ces nombreux autres projets littéraires. C’est ainsi qu’il nous a livré L’alliage de la justice, un « petit » roman se passant trois cents ans après la fin du Héros des siècles. Je ne me suis pas fait prier pour m’y intéresser.
Les siècles ont passés et les héros de Fils-des-Brumes ne sont plus que des figures historiques, presque des légendes. Le monde a changé, la technologie a évolué, la machine à vapeur et l’électricité ont fait leur apparition, mais l’allomancie et la ferrochimie existent toujours. Après des années passées à faire régner l’ordre et la loi dans une ville lointaine, Wax est de retour dans la capitale pour des affaires de famille. Mais l’homme d’action va vite devoir reprendre le dessus quand les ennuis vont le rattraper.
Le pari de Sanderson est original et audacieux. Plutôt que de décliner son univers de fantasy pendant n sous-cycles remettant toujours en scène les mêmes personnages ou peu s’en faut, comme l’ont fait Raymond E. Feist ou Terry Brooks pendant quelques décennies, il décide de faire véritablement évoluer sa création. C’est donc l’occasion de mettre en scène la machine à vapeur ou les armes à feu, tout en essayant de maintenir les magies particulières présentées dans Fils-des-Brumes. Finalement, on glisse de la fantasy tendance médiévale vers une sorte de western steampunk. Un choix risqué, mais je trouve le pari réussi.
Sanderson livre cette fois un ouvrage nettement plus fin que les précédents, puisqu’il compte « à peine » trois cents pages. Le récit est assez bien rythmé avec une bonne dose d’action. L’auteur fait toujours montre de son soucis du détail dans l’exploration de son univers, on sent notamment qu’il a réfléchit aux implications de l’apparition de la technologie et à la façon de la combiner avec la magie. Les quelques petits extraits de journaux glissés entre deux chapitres participent à l’ambiance. Cependant, on sent que l’on a affaire à un ouvrage moins ambitieux et peut-être un peu moins travaillé. Apparemment, Sanderson a abordé ce roman comme une pause entre l’écriture de deux projets plus volumineux et c’est visible par moment.
Ce roman est finalement une lecture très sympathique. On n’y trouve pas l’ambition et la somme de travail de Fils-des-Brumes, mais les retrouvailles avec cet univers font plaisir et on guette les petites allusions aux événements de la première trilogie. Les nostalgiques des personnages pourront se rassasier légèrement avec le bonus de fin d’ouvrage : une nouvelle mettant en scène Kelsier. Et si le livre se voulait au début comme un roman isolé, Sanderson a fini par se décider à lui donner une suite, que je me ferais un plaisir de lire lorsqu’elle sera disponible. En attendant, il me reste encore pas mal d’ouvrages de l’auteur à lire.
L’alliage de la justice (The alloy of law)
de Brandon Sanderson
traduit par Mélanie Fazi
illustration de Chris McGrath
éditions Orbit / Livre de poche
304 pages (grand format) 456 pages (poche)
C’est vrai que l’idée de faire évoluer son univers technologiquement parlant est une bonne idée, tant les univers de fantasy ont le fâcheux défaut d’être comme figés durant des millénaires…
Après, la trilogie vaut surtout pour son premier tome, la suite se gâte un peu, malgré une fin assez titanesque et qui vaut le coup.
Par contre, pour la suite de cette suite (!!), je ne sais pas trop à quoi il faut s’attendre en France vu qu’Orbit semble vraiment marcher sur des oeufs en ce moment (et la grande oeuvre de Sanderson, « La voie des rois », se voit repousser de mois en mois, septembre 2014 aux dernières nouvelles pour le premier tome sur Amazon, mais aucune date officielle de l’éditeur…)…
La suite de l’alliage de la justice était vaguement annoncé comme possible en anglais pour fin 2014. Vu qu’à l’heure actuelle Sanderson ne semble pas en avoir fini le premier jet (si tant est qu’il ait commencé à l’écrire), je pense qu’on peut plutôt envisager courant 2015. Et donc pas avant fin 2015, au mieux, pour la version française. D’ici là, peut-être que l’on saura enfin si Orbit compte faire autre chose que du Gail Carriger et du Melissa de la Cruz (et le dernier Deborah Harkness).
Personnellement, je m’oriente vers une lecture en anglais pour La voie des rois. Je n’ai plus tellement espoir en sa sortie française, sauf coup de théâtre.