Après deux premiers volumes très enthousiasmants, la série des Salauds Gentilshommes de Scott Lynch a connu un grand hiatus, digne de ceux que George R. R. Martin fait subir aux lecteurs de sa série. Mais après une période difficile sur le plan personnel, l’auteur a réussi à se remettre en selle et a fini par livrer à ses lecteurs le troisième tome des aventures de Locke Lamora et Jean Tannen : La république des voleurs.
Le début de ce nouvel épisode retrouve notre duo peu de temps après la fin du précédent. Locke subit les effets du poison ingéré dans Des horizons rouge sang et Jean tente en vain de trouver un moyen de le guérir. Mais ce problème, apparemment insoluble, n’est à rien à côté de ce qui va tomber sur les deux compères : l’organisation d’une campagne électorale dans la ville de leurs ennemis jurés : les Mages Esclaves. Et cerise sur le gâteau, le parti adverse voit sa campagne dirigée par nul autre que leur ancienne camarade : Sabetha.
Si ce volume reprend la structure du double récit, un dans le présent, un dans le passé, on a par contre presque une inversion entre ces deux époques, comparé aux deux livres précédents. En effet, les interludes dans le passé forment cette fois une intrigue complète à eux seuls, alors que le présent est lui plus éclaté, Jean et Locke peinant à construire l’un de leurs grands plans et se trouvent plus régulièrement cantonnés dans la réaction.
Scott Lynch continue d’élargir son univers, en nous dévoilant cette fois la société des Mages Esclaves, permettant d’aller bien au-delà de la vision que le lecteur avait pu s’en forger pendant le premier volume. Mais surtout, on fait enfin la connaissance de Sabetha, Arlésienne depuis le début de la série et grande faiblesse de Locke. Ce dernier se fait régulièrement rouler dans la farine, et c’est un plaisir de le voir enfin face à un adversaire à sa taille.
Le fait que l’on ne suive plus une grande arnaque de Locke et Jean tout le long de l’ouvrage pourra décevoir certains lecteurs. Néanmoins, je trouve qu’on ne perd pas au change, cela évite d’avoir l’impression de relire le même livre avec juste quelques différences. Et puis Lynch nous en apprend un peu plus sur Locke et ses origines, et la fin du roman offre quelques perspectives intéressantes pour l’avenir.
L’un dans l’autre, La république des voleurs est du même niveau de ces deux prédécesseurs. La longue attente et les péripéties de l’auteur pouvaient faire craindre le pire, heureusement il n’en est rien. Et c’est avec plaisir, et une certaine confiance, que j’attends maintenant le prochain volume qui, je l’espère, arrivera un peu plus rapidement.
La république des voleurs (The Republic of Thieves)
de Scott Lynch
traduit par Olivier Debernard
illustration de Benjamin Carré
éditions Bragelonne
668 pages (grand format)
Ayant adoré les deux précédents, il est bien évident que celui-ci va forcément un jour ou l’autre finir sur ma PAL ! Reste à trouver le temps de le lire, mais je ne résisterai pas à une nouvelle aventure de Locke et Jean !