Après le bien que j’ai écrit du Bureau des atrocités de Charles Stross, on peut imaginer l’enthousiasme que je connus lorsque j’appris qu’il en existait une suite. Étrangement édité par une autre maison que le premier volume, Jennifer Morgue signe donc le retour de Bob Howard et de ses aventures en tant qu’employé de la Laverie. L’agent de sa majesté va-t-il à nouveau sauver le royaume, et éventuellement le reste du monde ?
Après les péripéties du premier volume, Bob Howard est retourné à ses fonctions de technicien et gratte-papier au sein de la Laverie. Ce qui lui faut d’être envoyé en Allemagne pour participer à une réunion. Rien de folichon au programme, surtout qu’on lui a réservé une Smart, alors que Bob se serait bien vu parcourir les Autobahns au volant d’un bolide germanique. Mais lorsque l’action va lui tomber dessus, il va évidemment très vite regretter l’ennui de son bureau. Même si l’action s’accompagne de gadgets, d’un smoking et d’une collègue d’outre-Atlantique belle à mourir.
On prend les mêmes et on recommence. Une nouvelle fois, Bob Howard va devoir affronter des horreurs venues d’ailleurs tout en essayant de préserver sa santé mentale et, ce qui n’était pas encore le cas dans le précédent volume, sa vie de couple. Le serviteur de sa majesté ne chôme donc pas et l’on ne peut que compatir à sa situation vis à vis d’une hiérarchie souvent tatillonne. Jennifer Morgue est raconté à la première personne, Stross ne changeant quasiment pas ses ingrédients, mais il les accomode un peu différemment. Si Le bureau des atrocités lorgnait vers les romans de Len Deighton, cette fois l’inspiration vient clairement de la plume de Ian Fleming. Bob n’hésite d’ailleurs pas à faire la comparaison entre lui-même et l’agent double zéro sept. Ce jeu de calque avec les aventures du plus célèbre espion de sa majesté apporte une petit touche de décalage supplémentaire assez agréable.
J’avoue ne pas bien comprendre la publication de ce deuxième volume chez un autre éditeur que le premier (bien que les deux maisons appartiennent au même groupe d’édition). C’est un coup à ce que les lecteurs du premier roman ne trouvent pas le deuxième et à ce que les lecteurs du deuxième ignorent l’existence du premier. Bref, je doute que ça offre la meilleure des chances possibles à cette série qui m’enthousiasme franchement, quoique le tir soit partiellement rectifié avec la reprise en poche des deux romans dans la même collection. Je regrette aussi le fait que la nouvelle Pimpf, qui est incluse dans la version anglaise de Jennifer Morgue, ne soit pas reprise dans l’édition française, d’autant plus qu’il s’agit d’un texte relativement court.
Ce fut un vrai plaisir de retrouver Bob Howard et l’univers de la Laverie. Charles Stross fait doucement évoluer son univers et le renouvelle légèrement. Et comme il compte visiblement pousser la série au moins jusqu’au septième volume, je ne devrais pas être en panne de lecture trop rapidement. Vivement les prochaines aventures de Bob Howard.
Jennifer Morgue (The Jennifer Morgue)
de Charles Stross
traduit par Edith Ochs
collection NeO / Science Fiction
éditions Le Cherche Midi / Le livre de poche
417 pages (grand format) 504 pages (poche)
Cette série m’intéresse depuis longtemps, mais je n’ai jamais franchi le pas, sacré mélange des genres en tout cas ! Par contre, 5 romans ont déjà été écrits en VO, alors que rien n’est paru en France depuis ce « Jennifer Morgue » (pourtant paru en 2006, même année qu’en VO). J’ai bien peur qu’on en reste là…
De Charles Stross, je n’ai lu que « Palimpseste » dont je n’ai pas tout compris mais que j’avais malgré tout trouvé fort sympathique (et assez vertigineux). J’ai sur ma PAL le diptyque Crépuscule d’acier/Aube d’acier qui fait dans le space-opera bien déjanté là aussi…
Oui, pour la continuation de la série en français, je pense que c’est râpé. Et c’est bien dommage parce que je trouve la suite du même niveau (chronique volume 3 prête, volume 4 en cours de lecture).
En dehors de ça, le dyptique space-op est pas mal du tout. J’ai aussi commencé sa série des Princes marchands, deux volumes de lus, et c’est assez sympathique, même si là aussi on ne verra pas la suite au-delà des quatre volumes traduits en français.