Le lancement l’année dernière par Actes Sud d’une collection d’imaginaire a pas mal fait parler à l’époque, notamment grâce à son premier titre, Silo de Hugh Howey. Mais personnellement j’étais surtout intéressé par l’annonce d’une série de space-opera écrite par James S. A. Corey, pseudonyme derrière lequel se cachent deux auteurs. Et après quelques mois d’attente, L’éveil du Léviathan, premier volume de la série The Expanse, est finalement arrivé dans les rayonnages des librairies.
L’humanité a colonisé le système solaire et se prépare à lancer sa première expédition interstellaire. La découverte d’une mystérieuse épave dans la Ceinture d’astéroïdes va bouleverser la vie de Jim Holden, second d’un remorqueur de glace. Sa route va rapidement croiser celle de l’inspecteur Miller, chargé par une riche famille terrienne de retrouver leur fille disparue. Mais les événements ne vont pas se cantonner à l’environnement proche des deux protagonistes et le système solaire va s’enflammer.
Si L’éveil du Léviathan est un bon pavé, plus de six cents pages, il se lit assez rapidement. On alterne les deux points de vue à un bon rythme et l’intrigue est assez dynamique et pas trop complexe. Corey a plutôt bien développé la colonisation du système solaire ainsi que les évolutions que les conditions de vie provoquent chez les humains. Les relations entre les planètes intérieures et la partie externe du système solaire me rappellent pas mal La guerre tranquille de Paul McAuley.
On est dans un space opera d’une lecture un peu plus aisée que ceux de Peter F. Hamilton : horizon plus limité, moins de fils narratifs, moins de personnages. Pour ce qui est de ces derniers, j’ai trouvé le personnage de Miller assez intéressant, notamment par son obsession pour Julie Mao dont il fait un personnage à part entière. A contrario, le côté idéaliste et « honnête » d’Holden a fini par me le faire voir comme un crétin fini insupportable. J’ai aussi l’impression qu’il y a quelques problèmes de cohérence sur les événements qui lancent l’intrigue, un peu comme la sensation que ça n’arrive que pour lancer l’histoire et que ça n’a finalement pas d’autre raison d’être et surtout que ça n’a pas de sens.
Si L’éveil du Léviathan est entraînant, j’avoue par contre ne pas lui trouver d’originalité particulière. Le livre aurait pu être écrit il y a trente ans ou plus sans qu’on voit la différence. D’une certaine façon, on pourrait le classer comme Old Space Opera (par opposition au New Space Opera qui correspond à la majeure partie de ce qui se fait dans le genre depuis une trentaine d’années). Je me pose en passant la question de la cohérence de la collection dans laquelle paraît cet ouvrage, et qui semble tellement éclectique qu’il ne s’en dégage pas d’identité particulière.
L’éveil du Léviathan n’est pas exempt de défaut et n’est pas un bouquin qui marquera son genre, mais c’est une agréable lecture divertissante que l’on parcourt avec un certain plaisir. Bien qu’étant le premier volume d’une trilogie, qui devrait être suivie de deux autres trilogies, il peut se lire sans nécessité de s’intéresser à la suite. Mais je pense ne pas trop m’avancer en disant que je lirai le volume suivant avec plaisir.
L’éveil du Léviathan (Leviathan Wakes)
de James S. A. Corey
traduit par Thierry Arson
illustration de Dmytryj Epyk
collection Exofictions / Babel
éditions Actes Sud
625 pages (grand format) 704 pages (poche)
Cette chronique est sponsorisée par le challenge Summer Star Wars
J’ai trouvé cette lecture vraiment intéressante, rythmée et posée sur un « socle » solide (je pense au background vraiment intéressant). Parfois passionnante même, malgré quelques longueurs ici ou là.