L’un des phénomènes réguliers sur les séries de livres est l’inflation. Plus une série avance et plus certains auteurs ont tendance à se laisser aller et à en rajouter ici et là, faisant prendre du poids à leurs ouvrages. George R. R. Martin et de sa série du Trône de Fer en sont un bon exemple. Et la série Honor Harrington de David Weber n’y échappe pas. Si sur les cinq premiers romans l’auteur avait su rester dans des volumes de texte assez similaires, à partir de ce sixième roman l’inflation pointe le bout de son nez et l’éditeur français en a profité pour doubler le nombre de volumes. Voyons donc ce qui se cache dans les deux tomes de Mascarade silésienne.
Mobilisée par la guerre contre la République Populaire de Havre, la Flotte Royale Manticorienne manque de vaisseaux et d’effectifs pour lutter efficacement contre les attaques de pirates dans le secteur de la Confédération Silésienne. Une force de bric et de broc est organisée et l’amirauté décide de la placer sous le commandement d’Honor Harrington, rappelée de son exil graysonien pour l’occasion. Ses ennemis politiques espèrent ainsi s’en débarrasser.
Le schéma de ce volume est assez prévisible. Harrington va faire connaissance avec ses nouvelles troupes, les former à sa convenance malgré quelques fauteurs de troubles, on nettoie le secteur des pirates et on met des bâtons dans les roues de Havre dont quelques navires traînaient dans le coin pour jouer les corsaires. Et Harrington triomphe une fois de plus de l’adversité grâce à ses compétences, son audace et la loyauté qu’elle inspire naturellement à son équipage. Bref, c’est aussi cousu de fil blanc que les précédents volumes.
Par contre, si l’on va au-delà du côté un peu grotesque du calque de l’Europe de la fin du XVIIIème siècle, l’univers se développe et s’enrichit un peu, en s’intéressant enfin à ce qui se trouve au-delà du Royaume manticorien et de la République Populaire de Havre. Et si Pavillon de l’exil revenait un peu dans le domaine des batailles spatiales, après un Au champ du déshonneur franchement oubliable, Mascarade silésienne offre un bon quota d’action dans l’espace.
Après un épisode dispensable puis un autre qui remontait doucement la pente, David Weber revient enfin à ce qui fait le sel de la série Honor Harrington : la guerre dans l’espace. Et force est d’avouer qu’il est quand même doué pour raconter ses scènes là, à défaut du reste. On verra bien si la guerre se poursuit dans le volume suivant.
Mascarade silésienne (Honor Among Enemies)
de David Weber
traduit par Florence Bury
illustrations de Genkis
éditions L’Atalante
320 pages et 320 pages (format moyen)
Cette chronique est sponsorisée par le challenge Summer Star Wars