Après les lectures enthousiasmantes du Bureau des atrocités et de Jennifer Morgue, j’avais fortement envie de continuer la série de La Laverie écrite par le britannique Charles Stross. Malheureusement, le volume suivant, intitulé The Fuller Memorandum, n’était pas disponible en français et tout laissait supposer à l’époque qu’il ne serait pas traduit (et il ne l’est toujours pas à ce jour). J’ai donc décidé de passer à l’anglais pour voir un peu ce que l’avenir réservait à Bob Howard.
Pour une fois, l’histoire commence par la fin puisqu’en guise de prologue Bob Howard nous prévient qu’il va nous expliquer pourquoi il n’est plus athée (et pourtant il aimerait bien), pourquoi il ne vit plus avec Mo et pourquoi son bras droit ne marche plus correctement. Bref, l’ouvrage va nous raconter comment Bob Howard en est arrivé à un stade de pessimisme fort avancé. Au fait, saviez-vous que la fin du monde approche ?
Après un volume inspiré par les écrits de Len Deighton, puis un deuxième par ceux de Ian Flemming, Charles Stross rend cette fois hommage à Anthony Price. Pour être honnête, je ne connais pas ce dernier et n’ai donc pas pu m’en apercevoir. Si l’on trouve toujours des passages amusants voire délirants, comme celui sur le JesusPhone de l’Eglise de Jobs, le ton général du roman est plus sombre que les précédents. Le prologue pose d’ailleurs d’emblée la situation en commençant par la fin : Bob Howard a le moral dans les chaussettes et le dossier NIGHTMARE GREEN, alias l’Apocalypse, se profile à l’horizon.
Contrairement au Bureau des atrocités et à Jennifer Morgue, on voyage assez peu dans ce volume. La majeure partie de l’intrigue se concentre à Londres ou aux alentours, mais Stross nous propose quand même un menu assez riche : un peu plus de Mo qu’auparavant, des révélations sur le passé d’Angleton, le chef d’Howard, la découverte du Treizième Directorat, le pendant russo-soviétique de la Laverie, ainsi qu’une petite ribambelle de cultistes en manque d’invocations. Et si les « bons » l’emportent à la fin, du moins on peut le supposer vu le prologue, cela ressemble à une victoire à la Pyrrhus, ou plutôt à la John Constantine, pour faire le parallèle avec un autre sujet britannique versé dans le surnaturel et dont la façon de l’emporter n’est généralement pas très brillante.
Disons le clairement, le plaisir que procure les aventures de Bob Howard est toujours intact. Le ton du récit et l’univers que développe Stross sont toujours aussi enthousiasmants. L’accroissement du côté sombre est plutôt agréable et permet de bien ressentir ce sentiment d’inéluctabilité qui accompagne la venue de l’Apocalypse. Et vu le titre du volume suivant, The Apocalypse Codex, je sens que le dossier NIGHTMARE GREEN va à nouveau faire parler de lui.
The Fuller Memorandum
de Charles Stross
éditions Orbit (Royaume-Uni) Ace Books (Etats-Unis)
300 à 380 pages (en fonction du format)