Il y a peu, j’ai lu House of Cards, de Michael Dobbs, l’un des premiers titres de la collection Thriller des éditions Bragelonne. Si le placement de ce titre dans cette collection paraissait assez évident, il n’en va pas de même avec un autre ouvrage : Seul sur Mars. Au premier abord, ce roman de Andy Weir semble être de la SF pure et simple. Pourquoi donc le ranger parmi les thrillers ? Il n’en a pas fallu plus pour que je décide de m’attaquer rapidement à l’ouvrage.
Mark Watney est seul sur Mars. Laissé pour mort par ses coéquipiers lors d’une évacuation d’urgence, il n’a de l’air et de la nourriture que pour quelques semaines, voire quelques mois, alors qu’il n’a aucun moyen de communiquer avec la Terre et que la prochaine expédition martienne n’est pas prévue avant quatre ans. Décidé à survivre malgré tout le plus longtemps possible, il fait l’inventaire du matériel qui lui reste et des possibilités qui s’offrent à lui. Et il tient un journal, dans l’espoir de laisser une trace pour ceux qui finiront par retrouver son corps.
Si le thème du naufragé stellaire a déjà été traité plusieurs fois dans la SF, je doute que ce fut avec tant de détails. Mark Watney est ingénieur et botaniste et sait donc tout ce qui est possible sur les capacités nutritives de ses provisions ou sur les possibilités techniques offertes par le matériel qui l’entoure. Et il s’attaque d’arrache-pied à la tâche consistant à survivre le plus longtemps possible. Comment recycler son air au-delà de ce que prévoyait la mission, comment trouver des sources de calories pour s’alimenter, comment optimiser la production électrique de ses panneaux solaires… et comment survivre aux divers aléas qui pavent son chemin. La somme de recherche qu’a dû effectuer Andy Weir pour écrire son ouvrage est énorme. Tout est calculé à la calorie ou au gramme d’air près.
Le récit est bien rythmé, on avance rapidement, inquiet de voir si Watney va trouver un moyen de repousser encore un peu plus l’échéance fatale ou si au contraire un incident quelconque va mettre fin à l’aventure. On sent bien que la moindre chose peut avoir un impact sur la survie du personnage et on se prend à compter les jours. Ce rythme et cette tension permanente justifient finalement assez bien le classement de l’ouvrage dans les thrillers puis qu’il en adopte vraiment les codes. Si ce n’est qu’ici il n’y a pas de grand méchant cherchant à éliminer le héros, mais simplement un environnement martien naturellement mortel pour l’être humain. Seul sur Mars est aussi un roman de SF, sans le moindre doute, Andy Weir essayant d’explorer un futur possible et pas franchement improbable.
Le ton du récit, donné par le personnage principal, est un mélange entre celui qui écrit pour la postérité et celui qui n’en a plus rien à faire et qui se permet de se laisser aller par moment. Les considérations techniques et les calculs sont entrecoupés de réflexions sur le fait d’être seul au monde ou de commentaires sur les goûts musicaux de ses ex-coéquipiers.
Seul sur Mars est donc autant un thriller qu’un roman de science-fiction et se lit avec beaucoup de plaisir. Ce livre semble bien parti pour être adapté au cinéma par Ridley Scott et peut donner un bon film, pour peu que l’adaptation ne massacre pas trop le scénario. Et après cette bonne lecture, je suis curieux de voir si Andy Weir va continuer dans cette voie, à mi-chemin entre thriller et SF.
Seul sur Mars (The Martian)
d’Andy Weir
traduit par Nenad Savic
collection Thriller
éditions Bragelonne
408 pages (grand format)
Encore une bonne critique, qui donne envie de découvrir ce « survival ». En plus j’ai adoré le film Apollo 13…
Je viens d’acheter ce livre.
Il est sur ma table de chevet le temps que je finisse de lire Feed 😉
« Seul sur Mars est donc autant un thriller qu’un roman de science-fiction et se lit avec beaucoup de plaisir. »
Alors autant Bragelonne a mis l’accent sur le côté Thriller de ce bouquin (le but de la collection), autant ils ont masqué tout ce qui pourrait, de près ou de loin, rappeler que ce roman aussi (et surtout) de la SF. Bragelonne auraient-ils honte, ou savent-ils que la référence à la SF ne fait pas (plus) vendre ?
En tout cas, un très bon roman d’été, prenant et facile à lire !
A.C.
Je ne pense pas que Bragelonne ait honte de vendre de la SF, après tout ils continuent de faire du Peter F. Hamilton et ils viennent de sortir un nouveau Alastair Reynolds, permettant ainsi à l’auteur de revenir dans nos rayonnages après quelques années d’absence. 🙂
Par contre, le livre pouvant se ranger sous deux étiquettes (Thriller et SF) je suppose que l’éditeur a choisi de porter l’accent sur celle des deux qui est la plus vendeuses.
Et puis un livre qui s’intitule « Seul sur Mars », on voit de suite qu’il y a un côté sf. S’il s’agissait de cacher ce côté, je pense que l’éditeur aurait choisi un tout autre titre. 🙂
Bien sûr, il y avait une (petite) part de provoc’ dans mes propos, mais je me suis fait cette réflexion en cherchant partout le mot SF sur la couverture…
A.C.
Ceci dit, ça va aussi dans le sens de pas mal d’éditeurs qui publient de la SF dans des collections de blanche sans écrire le mot lui-même nulle part. 🙂
Je te l’accorde amplement !
A.C.
Il y a tout de même assez peu de fiction et beaucoup de science dans ce livre, donc pas forcément étonnant cette classification. En effet, les technos utilisées me semble très « réalistes » et plausibles (bon je suis pas le top de l’expert techno non plus, hein).
Sinon, j’ai particulièrement apprécié le peu de pathos dans le livre (il n’a pas une petite fille atteinte de leucémie qui l’attend désespérément avant de mourir par exemple).
Je l’ai fini ce matin,
ce livre se devore en un rien de temps, il est assez technique sans etre compliqué , et chaque chapitre donne envie de lire le suivant, une tactique d’ecrivain tres bien exploitée ici.
suis curieux de voir le film qui sort bientot
a recomander largement
Sam
j’ai adoré cette lecture!