Déjà six romans de la série Honor Harrington de chroniqués. Et on est encore loin de la fin, puisque David Weber n’en a toujours pas fini après treize romans sur la série principale sans compter les séries dérivées. Doucement, mais sûrement, on avance et l’on va voir si Aux mains de l’ennemi, le septième roman, continue sur la bonne voie après la remontée en intérêt apportée par Mascarade silésienne.
Après avoir réussi à neutraliser la menace des pirates du côté de la Confédération Silésienne, tout en mettant quelques batons dans les roues de la République Populaire de Havre, Honor Harrington est de retour dans son fief sur Grayson. Là, elle commence à essayer de faire appliquer les idées révolutionnaires qu’elle a mise au point pendant sa mission précédente, ce qui ne va pas sans difficulté avec sa hiérarchie. Et ses relations avec son supérieur direct vont l’amener à accepter une mission d’escorte pour pouvoir s’éloigner un moment de Grayson.
Après un volume qui contenait son pesant d’action spatiale, on repart cette fois avec beaucoup de parlote. On voit évidemment qu’Harrington a de bonnes idées mais que les autres ne sont pas assez ouverts d’esprit pour les accepter (comme par hasard). Et cerise sur le gâteau, Weber nous ressert un vague début de romance. Bref, l’auteur repart dans ses travers agaçants et pas très utiles à l’histoire. Heureusement, on aura quand même notre quota d’action héroïque, la République Populaire de Havre étant là pour aider le lecteur a supporter l’ouvrage.
Pas de miracle du côté des personnages, Honor et ses amis sont évidemment parfaits, les havriens se divisent entre les ennemis honorables et pas stupides et les autres, forcément méchants et un peu limités sur le plan intellectuel. On verra d’ailleurs comment un seul gentil a lui tout seul peut berner un vaisseau complet d’affreux imbéciles. Bref, niveau subtilité ce n’est toujours pas ça. L’esquisse de romance qui intervient dans le début est tout aussi agaçante que la précédente, sauf que cette fois on va y avoir droit pendant un paquet de volumes.
Mais si l’on fait abstraction de ces problèmes assez récurrents chez Weber, le principal écueil du bouquin est qu’il sert de long prologue au roman suivant. En poussant un peu, on pourrait presque dire que le bouquin pourrait se résumer à une centaine de pages à insérer au début du roman suivant. Cela suffirait amplement. Pour ajouter au problème, l’éditeur français, qui a coupé le livre en deux tomes, a trouvé le moyen de faire une quatrième de couverture qui raconte l’intégralité du premier tome et le début du second. S’ils ne veulent pas qu’on lise le livre, ils s’y prennent plutôt bien.
Si Aux mains de l’ennemi contient donc pas mal de défauts, dont certains sont là depuis le début de la série, le roman offre quand même un quota d’action non négligeable. L’évolution de la marine spatiale, calquée sur celle de la marine terrestre avec l’apparition du concept de porte-avions, est assez intéressante. Et le livre se terminant pour une fois avec une Honor Harrington dans une situation assez inconfortable, il peut y avoir de quoi convaincre le lecteur de s’attaquer au roman suivant.
Aux mains de l’ennemi (In Enemy Hands)
de David Weber
traduit par Florence Bury
illustrations de Genkis
éditions L’Atalante
352 & 288 pages (format moyen)