Jean-Philippe Jaworski fait parti des auteurs d’imaginaire français dont le nom revient régulièrement sur le tapis et dont les ouvrages sont encensés par de nombreux lecteurs. Explorant un univers de fantasy, il est l’auteur de plusieurs ouvrages et sert plus ou moins de tête de gondole au catalogue des Moutons Électriques. J’ai finalement décidé de me lancer dans son premier recueil de nouvelles, Janua vera, alors que ce dernier traînait dans ma bibliothèque depuis plusieurs années.
Janua vera a connu plusieurs éditions avec un nombre différent de nouvelles. Celle sur laquelle je me suis basé pour cette chronique est celle de Folio SF, contenant huit textes. Tous se passent dans le même univers, celui du Vieux Royame, mais ne sont pas véritablement reliés entre eux. Seuls quelques noms lâchés ici et là permettent de faire le lien. En fait, ils pourraient tous se passer dans des univers différents sans que cela y change quoi que ce soit.
Ne maintenons pas le suspense : je ne suis pas conquis par la plume de Jaworski et il s’en faut de beaucoup. Deux des textes s’en sortent bien. Mauvaise donne possède un bon rythme et la roublardise du personnage principal permettent de le lire avec plaisir. L’autre texte que j’ai apprécie est Le confident, une nouvelle relativement courte et écrite dans une langue « normale ». Cette dernière nouvelle contient en fait tout ce qui fait défaut au reste du recueil. A l’opposée, le premier texte du recueil, l’éponyme Janua vera, concentre un peu tout ce qui ne va pas, pour moi : phrases trop lourdes, vocabulaire médiéval balancé par grosses pincées, absence d’intérêt de l’histoire. Résultat : ennui profond. Et comme c’est par ça que s’ouvre le recueil, je trouve que ça n’est pas la meilleure façon d’accueillir le lecteur.
Au final, j’ai étalé la lecture de l’ouvrage sur plus de six mois tant chaque texte ne me donnait pas envie de continuer. Et j’essaie de comprendre pourquoi un livre qui a reçu tant de bons avis a pu à ce point m’ennuyer. Le fait de balancer du vocabulaire archaïque ne me gêne pas forcément. Cela passait très bien dans Le livre de Cendres de Mary Gentle et je me régale de ce que fait Neal Stephenson tout au long des plus de deux mille cinq cents pages de son Baroque Cycle. Mais Gentle offre un récit où passé et futur se mélangent et où l’on s’interroge sur la réalité de l’histoire, tandis que Stephenson raconte la révolution scientifique et monétaire de la fin du 17e siècle. Bref, dans un cas comme dans l’autre, le style et le vocabulaire sont au service d’un récit. Pourtant, il m’arrive aussi d’apprécier des textes qui n’ont pas véritablement de récit ni de finalité, comme c’est parfois le cas chez Chuck Palahniuk. Mais ce dernier ne se regarde pas écrire en cherchant toutes les trois lignes quel mot il pourra exhumer d’un dictionnaire.
Le texte Le confident est vraiment symptomatique : c’est une vraie nouvelle, courte et qui va donc à l’essentiel, tout en arrivant à bâtir un personnage, à donner corps à l’univers dans lequel il évolue, à mettre en place une ambiance et à finir par une chute digne de ce nom. Et c’est ce qui manque cruellement aux autres textes, généralement bien trop longs, alourdis par du vocable à rallonge et qui peinent à arriver à leur conclusion.
Je suis donc bien déçu de cette lecture. Comme c’est souvent le cas dans les livres encensés par la critique, je m’attendais à quelque chose de particulièrement bien et finalement seuls deux textes méritent d’être retenus. L’écriture est plutôt bonne, mais sans intérêt et pas vraiment au service du récit qui est bien souvent absent du texte. Je ne peux donc le conseiller. A ceux qui veulent lire des textes avec du vieux vocable, plongez-vous dans Fortune de France de Robert Merle, voire directement dans Rabelais, vous serez servis. Et pour les beaux textes bien ciselés, allez donc voir l’orfèvre Jean-Claude Dunyach.
Janua vera
de Jean-Philippe Jaworski
collection Folio SF
éditions Gallimard
488 pages (poche)
Bouh il a pas aimé, au bûcher !
(je plaisante hein, c’est même plutôt bien d’avoir des avis pas enthousiastes, sinon on croirait à un lavage de cerveau ^^)
Nan moi je ne plaisante pas, au bûcher tout court ! 😀