La réédition par les éditions Bragelonne d’Anno Dracula du britannique Kim Newman a été l’occasion d’offrir un bel objet qui avait attiré mon attention et dont la lecture m’avait particulièrement plu. L’auteur ayant écrit d’autres ouvrages dans le même univers, l’éditeur français a continué son entreprise de réédition avec le volume suivant : Le Baron Rouge Sang.
Comme le titre le laisse supposer, l’action se passe pendant la Première Guerre Mondiale et se centre en partie sur les exploits de Manfred von Richthofen, resté dans l’histoire sous le nom de Baron Rouge. Après les événements du précédent roman, Dracula a fini par atterrir chez le Kaiser et dirige la guerre du côté des puissances centrales. De l’autre côté, le Diogene’s Club continue d’œuvrer pour tenter de lui damer le pion.
Newman reprend les mêmes bases que pour Anno Dracula : une époque historique précise et riche en possibilités, une figure particulière de l’époque, de nombreux personnages historiques réels et tout autant de protagonistes issus de la littérature. Le tout baignant dans le fond spécifique à cette série : le vampirisme. Et ça fonctionne toujours aussi bien. On retrouve quelques-uns des personnages d’Anno Dracula, augmentés de nouvelles figures. L’auteur ne perd pas non plus son habitude de faire quelques petites entorses à l’histoire, et comme c’est pour la bonne cause, on lui pardonne aisément.
Cette nouvelle édition du roman est complétée d’une novella, Anno Dracula 1923 : Romance Vampire, qui se situe quelques années après. Je suspecte fortement Newman d’avoir voulu, entre autres, balancer un bon pavé dans la mare Twilight avec ce texte qui offre quelques passages assez savoureux sur la version romantique du vampire et la confrontation entre cette vision et la réalité. Romance Vampire va aussi tirer un peu de son inspiration chez les vieux romans policiers à la Agatha Christie, avec une petite pincée d’aventure à la Club des Cinq. Bref, c’est très plaisant à lire et ça n’a rien d’un bouche-trou fait pour faire gonfler l’épaisseur du livre.
En guise de bonus, l’auteur propose comme dans Anno Dracula quelques explications sur certaines des références qu’il a utilisé dans son récit, ce qui est toujours intéressant. On a aussi le script adaptant la trame du Baron Rouge Sang en un téléfilm pour SyFy et produit par Roger Corman, projet qui finit par être abandonné. On voit notamment de quelle façon diverses considérations influent sur l’adaptation du récit.
Avec ce deuxième volume, Kim Newman transforme l’essai et installe son univers comme une référence dans le genre du vampire. Le Baron Rouge Sang réussit à être aussi bon qu’Anno Dracula, ce qui n’est pas chose facile, et me laisse évidemment espérer que l’auteur saura encore nous offrir de bons moments de lecture dans les deux autres romans de la série.
Le Baron Rouge Sang (The Bloody Red Baron)
de Kim Newman
traduit par Thierry Arson
illustration de Noémie Chevalier
éditions Bragelonne / Livre de poche
550 pages (grand format) 840 pages (poche)
Disponible en numérique chez 7 switch
Cela a l’air génial !! Merci de la découverte 🙂
Anno Dracula a été une de mes belles découvertes de ces dernières années et ce deuxième opus dans le même univers n’a pas déçu mes attentes. Je trouve qu’il y a une espèce de truc particulier à cette série que je n’arrive pas à définir proprement mais qui m’enchante. 🙂
La suite est toujours prévue chez Bragelonne ?
Il me semble que oui. Et puis l’auteur est invité aux Imaginales il me semble, ça serait un bon prétexte pour rééditer le troisième dans une version aussi belle que les deux premiers. Et il me semble qu’une des derniers versions en anglais du troisième roman contient une nouvelle en plus. Bref, il n’y a pas de raison de ne pas continuer (enfin je l’espère). 🙂