En 2006 et 2007 les éditions Pocket ont publié Les légions immortelles et Le secret de l’empire, deux romans de Scott Westerfeld formant le diptyque Succession. Et quelques années après, ils regroupèrent l’ensemble en un seul pavé, suivant ainsi l’éditeur américain. Cherchant un peu de space-opera à lire, j’ai récemment exhumé cet ouvrage de ma bibliothèque pour m’y intéresser.
L’humanité a vaincu la mort et vit désormais sous la direction d’un empereur qui accorde l’immortalité à ses plus fidèles serviteurs. Mais l’Empire vit entouré de menaces potentielles et lorsque l’un de leurs voisins lance une incursion sur le territoire impérial et prend en otage la sœur de l’empereur, le destin de l’Empire et de ses sujets menace de basculer.
Succession est un roman qui démarre rapidement. Le lecteur est directement plongé dans l’action, en pleine situation de crise. Et dès les premières pages, Westerfeld régale le lecteur de ces technologies improbables qui font l’un des plaisirs de certains space-opera. Les lecteurs de Peter F. Hamilton par exemple ne devraient pas être dépaysés. Le rythme va se maintenir pendant une bonne partie du bouquin, même si par moment ça traînera un peu en longueur. On profitera aussi d’une bataille spatiale qui n’a rien à envier aux ténors du domaine.
L’auteur parvient à donner une certaine sensation de richesse à son univers sans trop multiplier les personnages et les lieux et on perçoit bien le délicat équilibre des pouvoirs à la tête de l’empire. L’aspect politique est d’ailleurs assez présent avec les problèmes d’une société divisée en deux, d’un côté les immortels de l’autre les humains « ordinaires », et la question de l’utilité du prolongement indéfini de la vie. On profite aussi de quelques questionnements sur l’intelligence artificielle et de sa place face à l’espèce humaine.
Du côté des défauts, on pourra toucher deux mots de la romance qui est un peu classique et surtout qui se met en place à la vitesse de l’éclair. La nouvelle échelle de temps proposée au début fait aussi partie des choses dont on aurait pu se passer. Ce n’est pas le premier ouvrage de SF où je vois ce genre de bricolage, et si le temps décimal a réellement existé par le passé, sa disparition rapide n’est pas un hasard. Par contre, Westerfeld propose quelques passages assez bien fait avec le point de vue d’une IA. Je me demande aussi si l’auteur n’est pas allé prendre un peu d’inspiration du côté d’Endymion/L’éveil d’Endymion de Dan Simmons, avec toutefois un traitement différent.
Au final, Succession est un space-opera tout à fait honnête, avec une intrigue bien ficelée, agréablement fournie en action et en péripéties, le tout placé dans un univers assez riche pour ne pas donner l’impression d’avoir été bricolé en cinq minutes. Tout ça est additionné de quelques axes de réflexion, permettant au lecteur qui veut un peu plus qu’un divertissement basique de se triturer un peu les neurones. L’ensemble fonctionne bien et offre une fin plutôt satisfaisante, qui permettra éventuellement à l’auteur d’y revenir plus tard sans pour autant en faire une nécessité. Tout ça disponible en un seul volume qui pèse ses six cents pages. De quoi satisfaire l’amateur de space-op que je suis.
Succession (Succession)
de Scott Westerfeld
traduit par Guillaume Fournier
illustration de Gustavo Lopez Manas
éditions Pocket
671 pages (format poche)
Tout cela donne bien envie, ma foi, malgré les petites réserves. Beaucoup plus que la couverture, un vrai repoussoir.
A.C.
Cette couverture n’est pas la meilleure, c’est clair. J’ai l’impression qu’on a le même problème avec la plupart des couv « d’intégrales » que Pocket a sorti au même format. Je suis en train de m’occuper de ma chronique d’Hypérion et sa version pocket en un seul volume a exactement le même problème. Et ce que j’ai vu des intégrales Elric ne me donne vraiment pas envie. 🙂