En 2006 disparaissait David Gemmell l’un des grands auteurs de fantasy britannique. L’année suivante, sa femme Stella Gemmell complétait le dernier de ses romans, La chute des rois, troisième volet de sa trilogie consacrée à Troie. Après quelques années d’attente, elle revient dans les rayonnages, cette fois avec une œuvre propre intitulée La Cité. Satisfait de la façon dont elle avait terminé l’œuvre de son mari, j’étais intéressé par ce qu’elle pouvait écrire en solo.
Comme son titre le laisse supposer, ce roman parle d’une cité, quasiment jamais nommée, et du destin de certains de ses habitants, ballottés par les guerres incessantes que la métropole livre depuis des siècles avec les contrés voisines. On y parcourt aussi bien les bas-fonds que le haut lieu du pouvoir, et l’on voit se dévoiler petit à petit les secrets de la ville.
La première chose à faire en commençant La Cité est de bien se mettre dans le crâne que ce n’est pas un livre de David Gemmell, mais bel et bien d’une autre auteur. Et cela se verra lors des scènes d’action qui ne sont pas aussi lisibles que celles de son mari, j’avais parfois du mal à bien visualiser la chose. C’est d’ailleurs pour moi le principal défaut de l’ouvrage. Le livre contient aussi quelques longueurs, sans surprise vu le volume assez conséquent de texte, plus de deux cent mille mots.
Par contre, Stella Gemmell maîtrise son récit, tissant les fils de la trame, déplaçant ses personnages comme des pièces sur un échiquier dont la dimension, au début, échappe au lecteur. La complexité de l’univers qu’elle crée n’apparaît que petit à petit, au fur et à mesure que l’intrigue progresse. Séparés les uns des autres au départ, les différents protagonistes vont bien évidemment voir leurs chemins se croiser au fil du récit, formant peu à peu une trame dont le motif ne se devinait pas forcément au début.
La Cité elle-même a tout d’une cité-état, un peu de la Venise des doges mais elle m’évoque surtout l’Athènes de l’Antiquité. D’une certaine façon, elle constitue le personnage principal du roman, et n’est quasiment jamais appelée autrement que la Cité, marquant ainsi bien son rôle central dans la vie de ses habitants, au même titre que nous appelons notre planète la Terre ou notre étoile le Soleil. Et au fil de son ouvrage, Stella Gemmell explore toutes les strates de la société composant la Cité.
Le récit démarre avec une certaine lenteur et j’en ai lu la première moitié en l’alternant avec d’autres ouvrages. Gemmell prend son temps et déplace doucement ses pions. Puis le récit s’accélère, voire s’emballe un peu sur la fin, et ma lecture s’est faite continue jusqu’à un final que je n’imaginais pas du tout en démarrant l’ouvrage. Et ce fût une bonne surprise de voir tout ça mener à bien autre chose que ce à quoi je pouvais m’attendre. La fin offre la possibilité à l’auteur de continuer à exploiter l’univers, sans en faire une nécessité.
Premier ouvrage de Stella Gemmell en solo, la Cité est un roman qui a ses défauts, notamment sur certaines scènes d’action et un démarrage peut-être un peu trop lent. Mais Gemmell arrive à faire vivre son personnage principal, la ville elle-même, et révèle petit à petit une intrigue différente et plus complexe que le début ne le laissait supposer. Dame Gemmell trace maintenant seule son propre chemin en tant qu’auteur et ce premier roman présage de bonnes choses pour la suite, pour peu qu’elle corrige quelques petits défauts. Et comme elle devrait sortir cette année un nouveau roman, faisant suite à la Cité, je lirai ça avec plaisir.
La Cité (the City)
de Stella Gemmell
traduit par Leslie Damant-Jeandel
illustration de Stephen Mulcahey
éditions Bragelonne
570 pages (grand format)
Disponible en numérique chez 7switch