Je n’ai pas souvent l’occasion de relire des livres, tant il y en a que je n’ai pas encore lu. Aussi, j’ai profité du fait que Lelf s’attaquait à ce classique du space-opera qu’est devenu Hypérion pour y refaire un tour. Et quinze ans après ma précédente lecture, le roman de Dan Simmons fait-il toujours son effet ?
L’intrigue d’Hypérion est un peu particulière puisqu’elle prend la forme de plusieurs récits successifs. On y suit un groupe de pèlerins se rendant sur la planète Hypérion avec un objectif assez flou. C’est en se racontant chacun leur tour leur histoire et leur relation à cette planète qu’ils tentent de comprendre la raison pour laquelle ils ont été convoqués ici.
La forme de ce roman est inspirée par les Contes de Canterbury de Chaucer. Simmons utilise la même idée de pèlerinage et organise ainsi son ouvrage comme un assemblage de récits. Hypérion a un peu la forme d’une série de nouvelles reliées par une histoire supplémentaire. Cela se traduit par des différences de ton et d’ambiance entre chaque récit et il assez probable que le lecteur en préférera certains à d’autres. Cette multiplicité de récits permet à l’auteur d’explorer tour à tour différents aspects de son univers et de poser plusieurs mystères. Et il faut avouer qu’une fois arrivé à la fin du roman, on constate que Simmons a développé un univers fort riche et offrant de multiples possibilités pour la suite. Si le fond est celui d’un space-opera, l’auteur explore d’autres possibilités au fil des récits : problèmes temporels, IA et univers virtuels, évolution futur de l’espèce humaine, etc.
On trouve dans Hypérion un peu le même abord que dans Dune, l’ouvrage faisant partie de cette SF qui n’hésite pas à balancer plein de mots nouveaux dès le départ. Simmons sait cependant ne pas en jeter trop afin de ne pas ensevelir le lecteur sous des piles de termes incompréhensibles et ses éléments finissent par contribuer à la richesse de l’ensemble. On sent qu’il y a eu un gros travail en amont tant pour élaborer le récit lui-même que pour construire l’univers qui lui sert de cadre.
A la relecture, c’est un vrai plaisir de replonger dans le texte. Les récits qui passaient un peu moins facilement la première fois m’ont paru plus intéressants maintenant que je connais la finalité de certains éléments présentés. L’histoire de Sol Weintraub reste néanmoins ma préférée, l’émotion qui s’en dégage n’a pas faibli et je pense que ce récit continuera encore longtemps de faire mouche.
Je regrette que la nouvelle version proposée (enfin) en un seul tome par Pocket ne bénéficie pas d’une illustration vraiment à la hauteur de son contenu. Le gritche qui est proposé sur la couverture fait bien pâle figure comparé aux descriptions qui en sont faites – il manque en particulier ses yeux rouges, qui marquent tous ceux qui ont eu la chance de survivre à leur rencontre avec cette créature. Et apparemment cette nouvelle version n’a pas vraiment corrigé les coquilles de la version précédente, il semblerait même que ça en ait ajouté…
Hypérion est donc un roman qui mérite vraiment qu’on s’y intéresse. L’abord n’en est pas forcément aisé, mais la richesse de l’univers et la diversité des thèmes proposés par les différents récits récompensent largement le lecteur. Ce dernier est cependant ensuite coincé par ce qui est le seul vrai défaut de l’ouvrage : il est nécessaire de lire La chute d’Hypérion pour avoir des réponses aux nombreuses questions que pose ce premier volume.
Hypérion (Hypérion)
de Dan Simmons
traduit par Guy Abadia
illustration de ???/Jean Bastide
éditions Robert Laffont/Pocket
504 pages (grand format) 640 pages (poche)
Disponible en numérique chez 7switch
Bon, si ça passe toujours aussi bien, voire mieux à la relecture c’est parfait. Je vais pouvoir me lancer. Mais je vais peut-être attendre la sortie du T2.
Pour la version « intégrale » en poche chez Pocket de La chûte d’Hypérion, je ne sais pas trop combien de temps il faudra attendre. La collection a changé de chef il y a quelque chose comme un an et le nouveau chef a été remercié à la fin de l’année dernière. Du coup, je ne sais pas qui est aux commandes et ce qui est prévu dans les prochains mois.
Edit : un site de vente en ligne bien connu l’annonce pour le mois prochain. Tu n’auras bientôt plus d’excuse. 😉
Il est clair que le gritche de la couverture ne ressemble pas au monstre biomécanique dont je gardais le souvenir. Dommage, pour un space-op’ aussi important, de n’être pas servi par une couverture à la hauteur. Il m’arrive moi-même de relire « Hypérion » depuis ma première lecture en 1995, et c’est l’un des rares livres pour lequel j’éprouve ce besoin, de loin en loin.
Content de te voir à demi-mot reconnaître que « Dune » s’inscrit en SF, au fait 🙂
Le Gritche de Rossbach est le Gritche suprême, le meilleur ! Il donne à l’histoire une vraie puissance.
Il faut vraiment que je le relise à l’occasion 🙂