La trilogie de L’empire brisée a été l’une des bonnes surprises fantasy de ces dernières années. L’univers créé par Mark Lawrence ressemblait à un monde de fantasy tout en étant finalement placé quelque part dans notre futur. Comme bien souvent après une première série réussie, l’auteur britannique a décidé de continuer d’explorer sa création, avec une nouvelle trilogie intitulée La Reine Rouge. Voyons ce que donne le premier volume Le prince des fous.
Jalan est prince et occupe l’essentiel de ses journées à séduire les femmes, à mentir et à tromper autant que faire se peut. Dixième dans l’ordre de succession à sa grand-mère, il n’a pas la moindre chance d’accéder au trône et cela semble lui convenir parfaitement. Mais sa vie d’indolence change radicalement après l’apparition à la cour de Snorri, guerrier venu du nord froid et lointain et témoin d’une menace que la grand-mère de Jalan semble la seule à prendre au sérieux.
J’attendais avec intérêt ce retour dans l’univers créé par Mark Lawrence, en particulier du fait du changement de point de vue. Si Jalan n’est vraiment pas un modèle de vertu, il est néanmoins clairement différent de Jorg. Ce dernier tenait plus du sociopathe qu’autre chose alors que le premier ressemble plus à une crapule ordinaire. Jalan est le genre à fuir les responsabilités et les engagements et prêt à oublier toute promesse sitôt faite. Face à lui, Snorri tranche forcément avec une certaine droiture morale et un sens du devoir dont le prince préfère ne pas trop entendre parler. S’il s’agit plus ou moins pour les deux protagonistes d’une odyssée, le récit est grandement centré sur leur relation. Et comme on pourra s’y attendre, Jalan va évoluer un peu au contact de cet imposant comparse au physique de viking.
Les événements de ce volume sont plus ou moins contemporains de ceux du Prince écorché et on sent que Mark Lawrence prend plaisir à faire se croiser quelques fils des deux intrigues. Les clins d’œils raviront les lecteurs de la première trilogie, mais ne devraient pas gêner la compréhension de l’histoire pour les autres. C’est en tout cas l’occasion d’une joyeuse scène où l’on mesure bien l’ampleur de la différence entre les deux princes. Lawrence continue d’explorer son univers de futur post-apocalyptique, avec ces restes de civilisation disparue, ces morts qui semblent refuser le repos et cette étrange magie qui effraie autant Jalan qu’elle agaçait Jorg.
A côté du récit à la première personne de Jalan, qui a une voix bien différente de l’autre prince, le lecteur découvre aussi petit à petit l’histoire de Snorri, avec un ton un peu différent et des séquences bien racontées, où l’on voit évidemment la réalité apparaître petit à petit. De façon semblable au Prince écorché, on retrouve cette mécanique de personnages manipulés par des forces et des entités qui les dépassent. Reste à voir si Jalan saura s’en affranchir aussi efficacement que Jorg.
Une fois parvenu à la fin du Prince des fous, j’étais plutôt content de la promenade façon road-movie en compagnie de Jalan et Snorri. L’univers de Mark Lawrence est toujours le même, mais l’utilisation d’une perspective différente de celle de la trilogie de L’empire brisée est la bienvenue. La plume est différente du récit de Jorg et les nombreux traits d’humour de ce prince fainéant rendent le texte plaisant à lire. Ce livre permet ainsi d’offrir une porte d’entrée différente dans cet univers et ceux qui n’ont pas apprécié Le prince écorché disposent là d’une deuxième chance. Il me reste à voir où l’auteur va nous emmener dans les deux volumes suivants, mais si c’est ne serait-ce qu’à moitié aussi bien que sa série précédente, je ne devrais pas être déçu.
Le prince des fous (Prince of Liars)
de Mark Lawrence
traduit par Claire Kreutzberger
illustration de Victor Manuel Leza Moreno
éditions Bragelonne
384 pages (grand format)
Disponible en numérique chez 7switch
J’avais vraiment trouvé intéressant le monde proposé dans le 1er tome de L’empire brisé, mais je m’étais tellement ennuyé dans le 2 tome, que j’avais abandonné. Des fois, comme suite à cette chronique, je me demande si je devrais pâs essayer de reprendre.