En voyant le titre et la couverture de Zodiac Station, j’ai tout de suite eu envie de le lire. La promesse d’un thriller dans une ambiance arctique éveille tout de suite en moi le souvenir de vieux bouquins d’Alistair McLean, Nuit sans fin et Destination Zebra Station Polaire. Mais fait-on aujourd’hui des thrillers polaires aussi sympa qu’au début des années 1960 ? C’est ce que l’on va voir avec ce roman de Tom Harper.
Accompagnant une expédition scientifique dans l’océan arctique, un brise-glace des gardes côtes américain trouve sur la banquise un homme seul. Nommé Tom Anderson, il serait le dernier survivant de Zodiac Station, une base scientifique située sur une île perdue au milieu des glaces. Petit à petit, le survivant va livrer le récit du drame qui s’est noué quelques jours auparavant. Mais le capitaine du brise-glace commence rapidement à s’interroger sur la véracité de l’histoire et sur certaines lacunes qu’elle présente.
L’idée d’écrire des thrillers dans un environnement polaire n’est pas neuve. J’évoquais plus haut Alistair McLean et l’auteur y fait d’ailleurs nommément référence par les lectures de l’un des personnages. Il évoque aussi clairement La chose d’un autre monde et The Thing, assumant ainsi pleinement son héritage culturel. Force est de reconnaître que le milieu polaire offre un cadre pratique du fait de son isolement extrême. Dans le cas du cinéma, il offre aussi l’occasion de très beaux plans. C’est forcément moins “visible” dans un roman, mais Harper parvient à bien faire ressentir la dureté du milieu arctique, sans ôter à sa beauté. Personnellement, j’ai aussi retrouvé quelques onces du Terreur de Dan Simmons, avec ces personnages isolés sur une banquise et qui sont de plus en plus convaincus que quelque chose leur veut du mal.
L’intrigue repose sur une base simple et classique : un seul survivant à un drame. Que va-t-il raconter ? Une partie du plaisir de ce genre de récit repose sur l’implacable marche des événements vers une conclusion funeste, puisque l’on sait déjà que cela va mal finir. Mais l’autre plaisir est celui du doute. Le survivant raconte-t-il toute la vérité ? L’un des souvenirs que j’attache particulièrement à Alistair McLean est justement celui du narrateur non fiable. Et l’on finit forcément par se demander ce que ce dernier passe sous silence. Tom Harper use assez bien de ces ressorts et construit un récit à la forme intéressante.
L’auteur évoque assez bien certains soucis liés à la recherche, que ce soit la dépendance aux crédits pour financer ses travaux ou les suspicions de fraude et les conséquences que cela peut avoir sur la réputation d’un chercheur. Tout cela combiner aux problèmes propres à la vie d’un groupe dans un milieu confiné, ambiance propre à exacerber les tensions. L’utilisation du thème de l’environnement n’est pas surprenante et l’on aura le plaisir de voir aussi passer celui de l’exploitation des possibles ressources naturelles cachées sous la calotte polaire nord. Harper a aussi su ajouter à son île quelques éléments qui m’ont fait plaisir, comme une ancienne mine soviétique désaffectée.
Zodiac Station est un thriller polaire efficace qui parvient à manier le monde de la recherche, tant scientifique que la prospection de ressources naturelles, tout en construisant un récit à la forme intéressante. Tout ça se lit avec aisance et plaisir et je me pencherai volontiers sur un autre thriller de Tom Harper.
Zodiac Station (Zodiac Station)
de Tom Harper
traduit par Claude Mamier
éditions Bragelonne
384 pages (grand format)
Disponible en numérique chez 7switch