Je ne résiste pas toujours facilement à l’arrivée d’une nouvelle série de fantasy. La dernière que j’ai inaugurée, Havrefer, ne m’a pas fait très bonne impression, mais les éditions Bragelonne ont rapidement dégainé une autre série en publiant en juin Les manteaux de gloire, du canadien Sebastien de Castell. Annoncé comme une histoire de cape et d’épée, ce livre constituait une tentation trop forte pour que je n’y cède pas. Sa lecture a-t-elle été plus appréciable que celle du Héraut de la tempête ?
Falcio Val Mond est le premier Cantor des Manteaux de gloire, les représentants du roi chargés de faire régner la justice, d’appliquer ses lois et si besoin de s’imposer par les armes face à des seigneurs récalcitrants. Mais ça c’était avant. Le roi est maintenant mort depuis plusieurs années, les seigneurs ont repris leurs droits et les Manteaux de gloire survivent comme ils le peuvent. Mais certains, comme Falcio et ses deux amis Kest et Brasti, espèrent encore pouvoir accomplir les dernières missions que leur a confié leur défunt souverain.
Les Manteaux de gloire démarre rapidement et en moins d’un chapitre nos héros sont dans la panade. S’il n’est pas petit, le roman n’est néanmoins pas un pavé selon les standards de la fantasy. Le livre a une intrigue assez dense qui lui permet d’offrir pas mal d’événements au lecteur, de Castell n’étirant pas trop les sous-intrigues. L’histoire est dans la droite ligne des vieux récits de cape et d’épée, avec son lot de trahisons, de coïncidences improbables et de révélations qui renversent les situations. Dès que les protagonistes sortent d’un ennui, le suivant pointe déjà le bout de son nez. Les personnages ne sont pas en reste, avec toute une palette de sbires, de duellistes talentueux, femmes belles et dangereuses, compagnons honorables, etc. Et l’on a droit à son lot de bonnes répliques et de joyeuses scènes entre les trois héros. Bref, il ne manque pas grand chose. De fait, c’est parfois un peu outrancier sur certains aspects mais au regard des vieux films de cape et d’épée ce sont des caractéristiques typiques du genre.
L’histoire nous est racontée à la première personne par Falcio et alterne entre le présent et le passé avec un bon rythme. Les flashbacks nous sont livrées utilement par rapport au présent, permettant ainsi de combler les trous sur les origines du personnage principal de façon adéquate. L’auteur semble avoir une expérience dans le maniement des armes blanches et ça se sent dans les scènes de combat qui sont bien décrites. J’ai aussi apprécié les quelques ellipses qui permettent de ne pas étirer trop le récit dans des péripéties annexes. L’univers que développe de Castell autour de son intrigue comporte encore pas mal de zones d’ombres à la fin de l’histoire, mais on en a quand même assez bien exploré certaines portions. Et le récit à la première personne fait que naturellement on en apprend moins sur les sujets qui n’intéressent pas le narrateur. On évite ainsi d’ensevelir le lecteur sous trop d’informations et on en garde un peu pour les épisodes suivants.
Les manteaux de gloire est manifestement le premier volume d’une série, apparemment prévue en quatre volumes, et une fois arrivé au bout on sent qu’il reste encore beaucoup à faire pour les personnages. Mais c’est un roman avec une fin qui permet à qui le souhaite de s’arrêter là sans soucis et qui facilitera l’attente à ceux qui veulent continuer. Personnellement, j’ai fort apprécié cette lecture, retrouvant cette atmosphère des vieux films de cape et d’épée et je compte bien lire le prochain volume lorsqu’il sera disponible.
Les Manteaux de gloire (Traitor’s Blade)
de Sebastien de Castell
traduit par Mathilde Roger
illustration de Xavier Colette
éditions Bragelonne
384 pages (grand format)
disponible en numérique chez 7switch