Parmi les bonnes lectures de l’année dernière se trouvait un thriller politique intitulé House of Cards. Sa lecture m’avait ravi et il est donc logique que je laisse tenter par Échec au roi, deuxième volume de cette trilogie. La fin du premier volume laisse le principal protagoniste plutôt en bonne position et l’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais Michael Dobbs, sans doute suite au succès de ce premier opus, a décidé de continuer à nous parler un peu de Francis Urquhart. Voyons donc ce qui arrive à ce Iago moderne.
Francis Urquhart est parvenu à faire tomber le premier ministre et à prendre sa place, tout en donnant l’impression de ne pas vraiment le vouloir et de n’accepter le poste que pour rendre service. Mais la nomination n’est que la première étape vers la conquête du pouvoir et il lui reste encore beaucoup à faire pour avoir les mains libres. D’autant plus que le souverain britannique semble vouloir se mêler de politique.
Disons le franchement, c’est un plaisir de retrouver cette pourriture d’Urquhart. Le politicien est à la recherche du pouvoir absolu et tout aussi dénué de scrupule qu’auparavant. Mais les choses semblent cette fois nettement moins faciles pour lui. Il était effectivement assez aisé pour lui de manipuler les gens et les événements depuis une position en apparance inférieure. Maintenant qu’il est chef de gouvernement, il lui est beaucoup plus compliqué de se défausser sur autrui. De plus, certains attendent maintenant le paiement des services rendus et il n’est pas forcément évident pour notre protagoniste d’accéder aux exigences de tous.
On voit une véritable mutation dans ce deuxième opus. Si Urquhart continue d’user de manipulation et de chantage, on constate que maintenant la plupart de ses interlocuteurs en sont conscients. Sa véritable nature apparait forcément plus aisément, au moins aux yeux des politiques et journalistes qui le cotoient… et aux yeux du roi. Ce dernier est la grande nouveauté de ce volume : l’entrée dans le jeu de l’institution royale britannique. Dobbs a pris soin de ne pas nommer le souverain, le rendant ainsi plus ou moins hypothétique. Mais cela sert bien son propos, qu’il expose d’ailleurs en préambule à l’ouvrage : l’utilité ou non de la figure royale.
House of Cards était assez instructif sur le fonctionnement d’une partie du système politique britannique. Il en est de même avec Échec au roi qui permet de mieux cerner le rôle et les pouvoirs du souverain, et les limites qui vont avec. Et Urquhart ne promet pas de faire plus de cadeau à son souverain qu’à ses collègues qu’il a déjà brisé. Lire tout ça avec la plume de Dobbs est un délice.
Échec au roi constitue une bonne suite à House of Cards. Dobbs s’intéresse à l’étape suivante de l’ascension d’Urquhart et ce dernier tombe sur un os qui ne se laisse pas ronger benoîtement. Après un volume où le protagoniste principal manipulait plus ou moins à volonté son entourage, on assiste cette fois à une évolution vers un affrontement nettement plus direct, qui présage d’un troisième volume qui sera probablement l’occasion d’une confrontation sans pitié. J’attends ça avec impatience.
Échec au roi (To Play the King)
de Michael Dobbs
traduit par Fréderic Le Berre
éditions Bragelonne
336 pages (grand format)
Disponible en numérique chez 7switch