Ceux qui me connaissent un peu savent que je voue une sorte de culte à quelques auteurs, dont l’un d’entre eux est Stephen Baxter. Et si l’auteur britannique a eu la chance de voir plus d’une vingtaine de ses livres traduits en français, il en reste encore plus d’une quinzaine inédits dans la langue de Molière. Sa dernière série publiée (en faisant abstraction de celle co-écrite avec Pratchett dont le dernier volume est encore à venir en anglais) est un diptyque consacré à l’exploration et la colonisation d’un monde en orbite autour de Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche de notre soleil. Voyons donc ce que donne le premier volume, intitulé Proxima.
Le futur de l’humanité semble aussi riche en événements et conflits que le passé et c’est dans un système solaire divisé entre l’ONU et la Chine que s’organise la première expédition de colonisation extrasolaire. Et les « volontaires » choisis pour cette noble entreprise sont pour l’essentiel des criminels, des opposants politiques, etc. bref des indésirables de toutes sortes. Et parmi eux Yuri, rescapé d’une époque passée qui n’est sorti de décennies de sommeil cryogénique que pour tomber de Charybde en Scylla.
Le point de départ ne présage pas d’une colonisation apaisée et tranquille. Et Baxter va évidemment faire usage de diverses situations que l’on retrouve dans les récits de communauté humaine isolée : tension, réorganisation sociale, etc. Ce genre de canevas aurait pu me lasser assez rapidement mais Baxter dispose de bien des atouts dans sa manche, à commencer par le cadre de l’histoire. La rotation synchrone de Per Ardua autour de son étoile impose des conditions de vie particulières à ses colons et a produit un environnement différent de celui que l’on connait sur Terre. L’auteur retrouve là ce qui est peut-être le thème qu’il traite le plus fréquemment : l’évolution. Et en la matière, Baxter n’est jamais à court d’idées.
Si raconter la colonisation d’un nouveau monde peut suffire à remplir un livre, voire une trilogie complète comme l’a fait Kim Stanley Robinson, Baxter n’en reste pas là. Comme je m’y attendais un peu, l’auteur développe une intrigue parallèle et s’interroge sur l’apparition de la vie. Et c’est un plaisir de le voir semer des petits morceaux, agrémentés de quelques révélations qui arrivent au bon moment pour relancer le récit. Il sait aussi ne pas se perdre dans des sous-intrigues sans intérêt et n’hésite pas à faire avancer son récit de plusieurs années pour se concentrer sur les moments vraiment intéressants.
Comme souvent chez l’auteur, les personnages manquent un peu de profondeur et l’on retrouve cet archétype de personnage qui ne vit quasiment que pour un objectif/une passion. Paradoxalement, l’un des personnages que j’ai le plus apprécié n’est pas humain mais mécanique. La technique de colonisation présentée par Baxter est particulièrement cynique, mais pas irréelle malheureusement, on retrouve là ce froid calcul rationnel que j’ai observé plusieurs fois dans Déluge et qui donne une crédibilité au propos.
Ce fut un plaisir de replonger dans les écrits de Baxter. J’avais un peu peur un moment de rester centré sur une histoire de petite communauté humaine qui tente de survivre dans un environnement hostile tout en se déchirant. Heureusement, Baxter a su apporter bien plus à son récit et j’ai fini bien loin de là où j’avais commencé, ce qui est assez fréquent avec cet auteur. Mais la fin de ce premier volume va nécessiter la lecture du second roman, Ultima, pour avoir les réponses à un certain nombre de questions et notamment comprendre ce qu’il est advenu de certains personnages.
Proxima
de Stephen Baxter
éditions Gollancz
450 pages environ
J’avasi été un peu déçue d’Anti-Glace de Baxter et je n’avait pas du tout adhéré au cycle Xeeles, sans réellement savoir pourquoi.
Cette chronique me donne envie de retenter Baxter!
Dans ce qui est disponible en français et qui peut se rapprocher un peu de Proxima, on trouve notamment Voyage et Titan, deux bons Baxter dans le thème de la conquête spatiale.
Merci! Je vais inscrire cela sur ma PAL!
Et si après ça Baxter ne passe toujours pas, faut pas hésiter à laisser tomber. Il y a tellement d’auteurs à découvrir qu’il n’est pas nécessaire de se forcer outre mesure quand ça ne va pas. 🙂