La première série de fantasy que j’ai lu après voir fini Le seigneur des anneaux, c’était L’arcane des épées de Tad Williams. J’en garde encore pas mal de bons souvenirs. Et lorsque début 2000 Payot publia le début d’une nouvelle série de l’auteur, je décidais de m’y lancer. Mais le destin éditorial d’Autremonde a été quelque peu contrarié.
Cette tétralogie de SF étant composé de romans un peu épais, l’éditeur avait décidé de les couper en deux. Mais après la parution du sixième volume français, soit la seconde moitié du troisième roman, la collection s’arrêta, laissant les lecteurs en plan. Il faudra attendre sept ans avant qu’un autre éditeur, Fleuve Noir, décide de reprendre le flambeau et termine la série en proposant les deux derniers volumes du découpage français. Bref, cette série a connu quelques difficultés pour arriver au bout par chez nous. Mais de quoi tout ça cause au final ?
Fin du 21e siècle, les réseaux virtuels se sont développés et l’on peut y accéder à partir d’un simple implant. Un mal étrange commence à se répandre, le syndrome de Tandagore : des enfants tombent dans le coma alors qu’ils sont connectés. Lorsque le petit frère de Renie est victime du syndrome, la jeune femme se lance en quête de réponse, une entreprise qui va la mener à explorer Autremonde.
Le lecteur va donc passer une bonne partie de son temps plongé dans des mondes virtuels et sur ce plan, Tad Williams puise son inspiration un peu partout dans la littérature, l’histoire et la mythologie. On explorera ainsi des endroits tout droit sortis de l’imaginaire d’Oscar Wilde ou de H. G. Wells, des recréations du far west et l’on croisera une mystérieuse cabale dont les membres se font passer pour des dieux égyptiens. Ces mondes virtuels sont aussi l’occasion pour l’auteur de réfléchir à la façon dont ce réseau peut s’organiser sur le plan social et des nouveaux concepts qu’il propose. Et sans atteindre le niveau du Snow crash de Neal Stephenson, on voit des choses intéressantes, comme l’émergence des légendes urbaines propres au monde virtuel. Le côté cyberpunk se retrouve aussi dans la forme puisque chaque chapitre commence par un petit extrait d’un média commentant une actualité, une publicité, un reportage, etc. offrant ainsi de petites fenêtres sur ce qu’il se passe dans ce monde, en dehors de son intrigue principale.
A côté de ces univers imaginaires, Williams nous propose aussi une plongé dans deux cultures particulières, les cultures bochiman et aborigène, une partie de l’action « réelle » se passant en Afrique du Sud et en Australie. Et les passages où !Xabbu nous régale de ces légendes bochimans sont aussi de petites oasis rafraichissantes au milieu d’un monde qui vit par et pour la technologie. Ceci contribue à apporter une certaine nouveauté à une histoire qui contient aussi quelques éléments assez classique, comme la conspiration de riches et puissants.
Se plonger dans Autremonde est un peu une entreprise de longue haleine. Cela se lit bien, mais l’ensemble pèse tout de même dans les quatre mille pages. Le texte compte quelques longueurs mais jamais de quoi vraiment freiner le lecteur. La longue pause que j’ai connu en cours de route et la facilité avec laquelle j’ai pu en reprendre la lecture me laisse penser que ce récit supporte assez bien la mise en pause de temps en temps pour se changer les idées avec une autre lecture.
Une fois arrivé au bout du chemin, je n’ai pas regretté le temps passé sur ce volumineux récit. Tad Williams semble habitué aux séries de gros pavés, il appelle d’ailleurs lui-même ses cycles des tadologies. J’ai particulièrement apprécié la plongée dans la culture bochiman que l’auteur a su très bien intégrer à son récit. La prochaine étape dans mon parcours de lecture chez lui devrait être plus légère puisqu’elle concerne un roman de fantasy, qui semble presque petit pour Williams : la guerre des fleurs. Mais après, ce sera retour aux tadologies.
Autremonde (Otherland)
de Tad Williams
traduit par Eric Holweck & Jean-Pierre Pugi
illustrations Manchu
éditions Fleuve Noir/Pocket
environ 3500 pages (grand format) environ 4600 pages (poche)
Cela a l’air super intéressant comme lecture et je n’ai rien lu de Tad Williams, il serait peut-être temps que j’y remédie!
Ça dépend de ce que tu recherches, si tu préfères une approche SF ou Fantasy. Personnellement, sa première série de fantasy (l’arcane des épées) me laisse un souvenir meilleur que Autremonde. Mais si tu préfères l’abord SF, alors tu peux tenter cette dernière série.
J’ai aussi dévoré tous les livres avant la « pause » et essayé de lire la suite en anglais… mais je ne suis vraiment pas débrouillard dans cette langue. Heureux de voir enfin la suite j’ai tout repris depuis le début et c’est long de tout recommencer. Je bloque au livre IV depuis des mois et ne lis rien d’autre : je veux finir la saga avant de lire autre chose (je ne suis pas un grand lecteur).
Reste que j’ai beaucoup aimé et l’on constate que la technologie actuelle (VR) n’est pas encore au niveau du livre, le reste de l’univers est très vaste et reprend bien des récits et des légendes (Troie, la guerre des Mondes, etc.).
Très agréable à lire et heureux de voir la saga mentionnée ici.