Le temps passe et les volumes de la Laverie défilent. L’année dernière, je vous parlais de The Apocalypse Codex, quatrième volume de la série dans lequel Bob Howard découvrait toutes les joies du télévangélisme et de la gestion de personnel. Charles Stross était trop bien parti pour s’arrêter là et l’on va voir un peu ce qu’il en est de The Rhesus Chart. En attendant de passer au sixième volume (sorti l’année dernière), un septième qui arrive ce mois-ci et normalement un huitième l’année prochaine. Mais n’allons pas trop vite en besogne et occupons-nous d’abord du cinquième opus.
Les événements du précédent volume ne sont pas sans conséquence pour Bob Howard, notamment dans son mariage et c’est donc par une discussion un peu mouvementée avec sa femme que s’ouvre l’ouvrage. Le lecteur entre dans la scène par une explication sur l’impossibilité de l’existence des vampires. Il va évidemment vite se révéler que ce n’est pas le cas. Et comme toujours, Bob va se retrouver au beau milieu des problèmes lorsque tout va partir de travers. D’autant plus que le destin lui prépare quelques sales coups.
La Laverie étant un service britannique et Bob Howard étant spécialisé dans les questions d’informatique occulte, il aurait été dommage que Stross ne se penche pas un peu du côté des traders de la City. C’est maintenant chose faite et son intégration des méthodes de management de projet dans l’intrigue est assez cocasse. Son approche du vampire propose une certaine originalité et répond assez bien à certaines questions que l’on aurait pu se poser comme « pourquoi une agence spécialisée depuis des siècles dans la gestion de l’occulte n’a-t-elle jamais entendu parler des vampires ? » L’auteur parvient ainsi à conserver la cohérence de son univers.
Stross propose aussi quelques nouveaux personnages, ainsi que des évolutions intéressantes sur ceux que l’on connaît déjà. Au-delà de la question du suceur de sang, l’auteur s’intéresse aussi à d’autres problèmes, comme celui consistant à préparer l’agence, et donc le reste du monde, à la probable venue de choses indicibles lors de CASE NIGHTMARE GREEN. Ceci demande donc la préparation d’un certain matériel de communication pour pouvoir s’adresser au grand public. Si la chose n’est pas encore trop développée, il est bien possible que cela ne soit pas pour autant perdu pour la suite de la série.
En plus de la discussion entre Bob Howard et sa femme, le premier chapitre est l’occasion d’une scène d’action qui pourrait le transformer en véritable petite nouvelle. Le reste de l’ouvrage sera un peu plus sage pendant la majeure partie, mais ne sera pas pour autant sans danger pour Bob qui va devoir affronter nombre de problèmes et pas toujours avec une issue très satisfaisante. Enfin, Stross se charge bien de nous rappeler que tout ça n’est pas une série comique mais une grande tragédie dans laquelle les personnages sont fort malmenés et que le destin se fiche bien des désirs des uns et des autres lorsqu’il brise sans retenu leurs espoirs. Les cauchemars de Mo et la façon dont se termine l’ouvrage l’illustrent bien.
The Rhesus Chart est donc un volume de La Laverie qui m’a beaucoup plu. Stross sait toujours bien utiliser son univers et ses personnages et les créations qu’il ajoute à chaque nouvel opus s’intègrent bien dans l’ensemble. C’est donc avec beaucoup de plaisir que je passe au prochain volume, The Annihilation Score. D’autant plus que cette fois, Stross change de point de vue et que l’histoire est racontée par Mo. Que demander de plus ?
The Rhesus Chart
de Charles Stross
éditions Orbit (Royaume-Uni) Ace (États-Unis)
360 pages environ