Au fil de mes lectures dans la collection thriller des éditions Bragelonne, j’ai déjà vu passer quelques sous-genres particuliers, notamment le thriller politique avec House of Cards, le thriller orienté archéologie/vieux trésors avec la série Tyler Locke ou encore le thriller de SF avec Seul sur Mars. Je me suis cette fois frotté à un autre sous-genre, le thriller judiciaire. Et c’est donc avec La défense de Steve Cavanagh que je démarre.
Eddie Flynn est un ancien escroc devenu avocat et sa carrière est au point mort après une affaire dont il a eu du mal à supporter les conséquences. Mais l’enlèvement de sa fille par un mafieux russe l’oblige à revenir au tribunal pour y éliminer le témoin clé de l’accusation à coup d’explosifs cachés. A moins qu’Eddie n’arrive à convaincre son client de le laisser plaider sa cause normalement et de torpiller l’accusation. Tout en cherchant comment sauver sa fille. Le tout en moins de quarante-huit heures. Bref, les affaires reprennent un peu vite pour Flynn qui va devoir s’accrocher pour tenir le rythme.
La défense est un roman qui démarre sur les chapeaux de roues, en quelques pages à peine l’enjeu est posé et le personnage principal, qui fait office de narrateur doit se battre pour trouver une solution sans perdre espoir. Le rythme est rapide et ne baisse pas souvent. Cavanagh propose des retournements de situation réguliers, avec quelques surprises qu’il parvient à ménager. En homme du métier il nous offre un éclairage sur la façon dont un avocat peut agir sur le jury, par sa façon de lui adresser la parole, son attitude, sa tenue, etc. On voit comment démonter en quelques questions un témoignage favorable à la partie adverse. Bref, l’ouvrage nous offre un petit guide de l’avocat comme les aime Hollywood : ceux capables de retourner les situations en un tournemain.
Si Eddie Flynn est un avocat, c’est aussi un ancien escroc qui connait parfaitement les ficelles de cette activité qui par certains aspects n’est pas très éloignée de sa profession actuelle : évaluer ses interlocuteurs, identifier les leviers qui permettent de les manipuler, etc. Le récit à la première personne permet au narrateur de nous offrir quelques petites leçons sur la façon de procéder pour réaliser certaines arnaques ou de gagner la confiance d’un auditoire. Certains passages m’ont un peu rappelé la série télé Burn Notice par ce côté didactique.
Cavanagh dose assez bien les éléments que son personnage principal dévoile petit à petit au lecteur. On finira ainsi par apprendre comment il est passé de la carrière d’escroc à celle d’avocat, puis pourquoi il n’a plus l’âme à se consacrer à ce métier. Les choix faits par Eddie Flynn sont discutables, mais la réflexion sur le problème moral proposé est intéressante : que peut faire un avocat qui ne croit plus à l’innocence de son client dans certains cas particuliers ?
Tout ça forme un ensemble que j’ai lu avec plaisir et rapidement. On est dans le type de thriller qui s’adapterait assez facilement au cinéma et ferait probablement les délices des spectateurs. Eddie Flynn est un personnage qui s’attire facilement la sympathie du lecteur, permettant à ce dernier de se laisser porter par le récit mouvementé de ce procès dont l’issue en apparence évidente devient peu à peu de plus en plus incertaine. Cavanagh écrit apparemment un deuxième roman avec le même protagoniste et je m’y intéresserai avec plaisir.
La défense (The Defence)
de Steve Cavanagh
traduit par Benoit Domis
illustration de Shutterstock
éditions Bragelonne
384 pages (grand format)
disponible en numérique chez 7switch