Certains ont peut-être remarqué que je parle régulièrement de la série de la Laverie du britannique Charles Stross. Et si cette série n’a pendant longtemps pas eu de suite en français après la traduction de seulement deux volumes, le projet Exoglyphes a enfin permis de relancer l’affaire. Mais ce n’est pas la seule série de l’auteur à ne connaître qu’une traduction partielle. Les princes marchands compte six romans en anglais, maintenant regroupés en trois volumes, mais seulement quatre ont été traduits chez nous. Cela ne me gêne pas outre mesure et je n’hésiterai pas à poursuivre ma lecture dans une autre langue. Mais voyons d’abord de quoi parle cette série et si son premier volume vaut le détour.
Miriam Beckstein est journaliste spécialisée dans les technologies. Un jour, sa mère adoptive lui envoie un médaillon ayant appartenu à sa vraie mère. L’objet va projeter Miriam dans un autre monde, dans lequel la jeune femme va découvrir qu’elle a une famille, riche, puissante et pas forcément contente d’apprendre qu’une héritière disparue refait surface. Miriam est alors embarquée dans une aventure avec tentatives d’assassinat, enlèvement, révélations et compagnie.
On retrouve évidemment un petit parfum d’Ambre, la série de Roger Zelazny. Mais au-delà du point de départ, Stross suit une voie différente et s’intéresse surtout aux conséquences économiques d’une telle situation. Le monde parallèle que décrit l’auteur est technologiquement en retard sur le nôtre et il s’amuse à tester la façon dont des gens peuvent utiliser de la technologie provenant d’un autre monde, le nôtre, pour prendre l’ascendant sur leurs concitoyens.
L’écriture est assez bien rythmée, émaillée de quelques notes d’humour. Stross joue beaucoup sur la confrontation entre d’un côté Miriam, jeune femme indépendante du début du 21e siècle, et de l’autre la haute société du Gruinmarkt, avec son mode de pensé médiéval centré sur la famille dans laquelle les femmes n’ont que peu de choses à dire. Et cela fait forcément des étincelles.
Avec ce premier volume, on manque évidemment encore de pas mal de choses. Il semble d’ailleurs que le découpage en six volumes soit le fait de l’éditeur d’origine, Stross prévoyant de publier cette série sous forme d’une trilogie. On dispose donc en réalité d’une sorte de première moitié de roman. C’est toujours un peu ennuyeux, mais ça ne perturbera peut-être pas outre mesure le lecteur francophone vu le nombre d’ouvrages qu’on lui propose sous forme redécoupée. Bref, la fin du volume demande clairement une suite. Le bouquin était assez bien rythmé et les développements potentiels que permettent les idées proposées par Stross rendent l’idée de lire le volume suivant assez séduisante.
Une affaire de famille (The Family Trade)
de Charles Stross
traduit par Patrick Dusoulier
illustration de Jackie Paternoster / Alain Brion
éditions Robert Laffont / Livre de poche
336 pages (grand format) 480 pages (poche)
J’avoue avoir été un peu déçu par les Princes Marchands. J’ai été enthousiasmé par « Accelerando » et par le « Bureau des atrocités ». Je trouve les Princes Marchands plus convenus et un peu cliché. Les Princes d’Ambre est plus intéressant me semble-t-il.
Je viens de finir le deuxième volume et je pense que je lirai les deux suivants mais je ne suis pas sûr de ne pas avoir une lecture plus urgente avant de lire les derniers tomes en anglais (je suis beaucoup moins rapide en anglais 🙂 )