De temps en temps, un éditeur essaie de faire un effort de promotion pour un ouvrage auquel il tient en particulier ou qui représente un certain défi à vendre. Et parfois, je peux me laisser tenter par la chose, comme ce fut le cas avec ce premier volume de Latium, premier roman de Romain Lucazeau publié dans la collection Lunes d’encre des éditions Denoël.
L’humanité s’est éteinte, laissant en héritage à l’univers une civilisation d’intelligences artificielles qui attendent perpétuellement le retour des maîtres disparus. Toutes ne sont pas d’accord sur la stratégie à adopter et certaines se sont mise en marge de leurs semblables. Mais lorsque l’une d’elle perçoit un signe qu’elle ne comprend pas, le retour au bercail s’impose.
Faisons court. L’écriture est bonne et malgré quelques termes pas très fréquents ça se lit sans difficulté, au moins au niveau de la compréhension. Et c’est à peu près tout ce que je peux en dire de franchement positif. Pas que le livre soit mauvais, juste qu’il passe à côté de ses promesses ; à mon sens, il est raté.
Raté sur la forme parce que le livre est tellement farci de notes de bas de page qu’il ressemble plus à un essai qu’un roman. Des notes qui m’ont sorti sans cesse du récit et qui, comble, étaient généralement inutiles.
Raté sur les « batailles spatiales flamboyantes » (je cite la quatrième de couverture). Ces dernières ne sont pas mauvaises mais il y manque quelque chose pour être vraiment flamboyant.
Raté sur les « intrigues tortueuses ». Je peux déjà à peine employer le pluriel sur ce point et si ce n’est pas une grande ligne droite on est quand même loin de la route de montagne.
Raté sur « Un spectacle de science-fiction vertigineux ». Ça pourra éblouir le novice dans le domaine, mais le lecteur avec un peu de bouteille aura forcément vu nettement plus vertigineux ailleurs.
Quant à « dans la veine d’un Dan Simmons ou d’un Iain M. Banks », tout dépend du sens qu’on y donne. Qu’il y ait une inspiration prise chez ces deux auteurs, c’est évident. Que ce soit à la hauteur de leurs œuvres, pas franchement.
Enfin, c’est long au point que l’ouvrage est en deux volumes, ce qui chiffre la chose à plus d’une quarantaine d’euros pour le lecteur potentiel. Et il n’y a pas assez d’idées, d’intrigues et de personnages pour un tel volume de texte, bref ça manque franchement de densité.
J’avais de grosses attentes, c’est donc une grosse déception et je ne lirai pas la deuxième partie. Il y a quelques idées intéressantes et visiblement l’auteur avait une belle ambition. Mais elle semble s’être perdue quelque part sur le chemin. Un peu comme si Steven Erikson avait finalement pondu L’épée de Shannara. C’est dommage.
Latium – tome 1
de Romain Lucazeau
illustration de Manchu
éditions Denoël
449 pages (format moyen)
Parution le 3 octobre 2016
OH. Surprise de voir ta critique assez négative. Effectivement, je pense que les attentes initiales influences l’appréciation finale. Je ne suis pas surprise effectivement qu’il ne puisse pas plaire. J’en suis au 2/3, et j’aime beaucoup l’influence des pièces de théâtres tragiques (bon, je suis fan de théâtre classique). C’est vrai que je le trouve moins flamboyant que promis!
Je ne suis pas totalement conquise, mais j’avais beaucoup de réserves initiales, et j’aime beaucoup.
100% en accord avec toi pour les notes en bas de page que je ne lis plus.
La promo qu’a fait l’éditeur autour du bouquin a très fortement attisé mes intérêts et mes attentes. J’ai donc jugé l’ouvrage en partie sur ce point. Et comme dit le Captain du Nexus VI « on m’a fait une promesse et elle n’est pas tenue ». 🙂
C’est dommage, j’aurais bien aimé que ça soit bien…
La fin oblige totalement à lire la suite pour avoir des réponses ou ce volume a une fin en soi ?
Je suppose que tu as tout de même constaté que d’autres chroniqueurs sont nettement plus positifs, pour ne pas dire dithyrambiques pour certains (perso, je ne comprends pas comment ils peuvent écrire des élogess pareil sur ce bouquin). Il est donc possible que tu seras plus réceptif que moi.
Néanmoins, concernant les réponses, tu peux considérer que tu n’as rien à la fin du premier volume. Je ne sais pas si le deuxième volume apportera des réponses satisfaisantes aux questions posées. D’ailleurs, je réalise que le mystère posé en ouverture de l’ouvrage (l’étrange signal détecté) n’a a peu près aucun développement dans les quatre cents et quelques pages du volume.
Bref, je t’encourage d’une part à regarder quand même ce qu’en disent les autres lecteurs, d’autre part à attendre la sortie et les avis sur la deuxième moitié du bouquin pour voir si la fin est vraiment satisfaisante. Parce qu’à quarante-quatre euros cinquante pour l’ensemble du roman, ça vaut la peine de prendre quelques précautions avant de se lancer dans un tel investissement.
J’ai l’impression que Lune d’Encre foire souvent sa partie commerciale. Avec Destination ténèbres c’était un peu comme ça : titre archi-banal, illustration archi-banal, résumé archi-banal…
Globalement, j’avais plutôt confiance dans les choix de l’éditeur et dans ses arguments sur les livres qui ont pu m’intéresser par le passé dans cette collection. J’avoue que ce livre a un peu mis à mal cette confiance.