Le premier volume de la série des Princes Marchands de Charles Stross m’a laissé un bon souvenir. J’ai donc assez facilement décidé de me lancer dans la lecture de sa suite, Un secret de famille, d’autant plus qu’il s’agit en réalité de la deuxième moitié du premier roman de cette série. Du moins de la façon dont l’auteur concevait la chose avant que son éditeur ne décide de lui imposer un format plus petit. Bref, j’ai décidé de lire la suite des aventures de Miriam Beckstein.
On retrouve donc Miriam juste après la fin d’Une affaire de famille. Après avoir échappé à des tentatives d’assassinat, la jeune femme se cache et cherche un moyen de se créer un peu de pouvoir pour arriver à survivre au milieu du panier de crabe qu’est sa nouvelle famille.
Le début du roman peut sembler un peu abrupt, ce qui est probablement un effet du découpage imposé à l’auteur. L’écriture de Stross se lit toujours assez facilement. Il propose aussi de développer un peu plus son idée de départ, notamment en élargissant le cadre du récit. S’il existe un deuxième monde parallèle, pourquoi pas un troisième ? Pourquoi pas plus encore ? Et la bonne trouvaille, c’est d’utiliser autre chose qu’une marchandise physique pour commercer entre les mondes.
En effet, les règles qu’a posées Stross pour le passage d’un monde à l’autre rendent le commerce assez limité en volume. Quand chaque franchissement provoque une migraine de tous les diables, on comprend bien que Miriam n’ait pas envie de passer le restant de ses jours à faire la mule bourrée de paracétamol entre deux grossesses. Le talent se transmettant par le génome, on attend effectivement d’elle d’offrir quantité d’enfants à la famille pour essayer d’en accroitre le vivier de passeurs et donc le pouvoir. Sans parler du problème moral que représente la complicité à un trafic de drogue. D’où la nécessité pour elle de se créer du pouvoir personnel, afin de contrebalancer la pression familiale. Le modèle économique qu’applique Miriam ressemble à une martingale et les choses peuvent sembler un peu faciles, notamment aux yeux du lecteur critique vis-à-vis du modèle économique utilisé par Stross. On verra probablement par la suite ce qu’il advient de ce système sur la durée.
On a donc un roman qui n’est pas exempt de défaut, mais qui se lit aussi bien que le premier volume. Stross continue d’y développer ses idées autour des univers parallèles et des conséquences, entre autres économiques, de ce phénomène. Je suis curieux de voir de quelle façon il va faire évoluer les choses sur la durée. Et si l’idée est là, je sens bien que Miriam n’est pas au bout de ses peines pour s’affirmer face à sa famille. La suite donc au prochain épisode.
Un secret de famille (The Hidden Family)
de Charles Stross
traduit par Patrick Dusoulier
illustration de Jackie Paternoster / Alain Brion
éditions Robert Laffont / Livre de poche
360 pages (grand format) 470 pages (poche)
ici c’est Laffont qui n’a pas joué le jeu. Les tomes 5 et 6 (Revolution Business et Trade of Queen) n’ont jamais été traduits alors que le 4e tome (La Guerre des familles), paru en français en 2011, s’arrête brutalement et appelle indéniablement à une suite.
Charles Stross vient de sortir le 7e tome Empire Games.
Je viens de finir le quatrième volume et j’en prépare la chronique, couplé avec le troisième pour se rapprocher du découpage anglais actuel. Effectivement, ça se termine avec beaucoup de suspense et pas grand chose de résolu. C’est vraiment dommage pour les lecteurs francophones. Heureusement pour moi que je compte bien continuer en anglais. Dès que j’aurais mis la main sur The Revolution Trade. 🙂
je les ai (Révolution trade + The Trade of Queens) en très bon état en poche. Tu les veux ?
Peut-être pourrait-on faire un échange de livres…