Le déclencheur qui fait que je décide de lire un livre en particulier est très varié. Cela peut simplement être le fait que j’ai aperçu le titre en regardant ma bibliothèque ou bien en avoir entendu parler récemment. Le nom de l’auteur est apparu dans une discussion récente. Un nouveau livre de l’auteur arrive prochainement (cette raison marche pas mal quand il s’agit d’un roman qui suit celui que je me décide enfin à lire). Bref, c’est assez varié et souvent assez anecdotique. Tout ça pour dire qu’il m’arrive aussi de me lancer dans un ouvrage parce qu’un ami m’en a conseillé (ou reconseillé) récemment la lecture. C’est ce qui s’est passé pour Le Chevalier rouge de Miles Cameron, qui trainait depuis un bon moment dans mes étagères.
Le Chevalier rouge et la troupe de mercenaires qu’il dirige sont de retour dans son pays natal, Alba. Bien que pas vraiment en bonne entente avec Dieu, il décide de se mettre au service d’un couvent fortifié harcelé de plus en plus fréquemment par les créatures du Monde Sauvage. Mais ce contrat va s’avérer plus dangereux que prévu et l’avenir d’Alba semble en jeu.
Le décor que propose Miles Cameron évoque pas mal notre réalité historique. Alba a tout d’une Grande-Bretagne réinventée. On y trouve notamment un mur quelque part au nord qui tombe en morceaux et ne parvient plus à empêcher les barbares de faire des incursions dans le pays. On y croise une religion catholique avec ses saints, ses couvents et ses ordres. On évoque ici et là un empereur, ailleurs, qui pourrait bien diriger une sorte de Saint-Empire Romain Germanique. Bref, le monde pourrait être une version uchronique et fantastique du notre, n’était certaines divergences géographiques assez manifestes (la Grande-Bretagne ne semble pas séparée du continent par la Manche). Ceci contribue à donner à l’ouvrage un côté roman historique que j’ai trouvé plutôt plaisant. L’aspect compagnie de mercenaire m’a un peu rappelé le Livre de Cendres de Mary Gentle. Cette proximité se ressent aussi par la précision du vocabulaire employé par l’auteur.
La distribution est assez variée et si l’intrigue est centrée sur le Chevalier rouge et sa compagnie de mercenaires, on va suivre quantité d’autres personnages et on constate que les évènements ne se cantonnent pas au couvent qu’ils doivent protéger. On peut définir rapidement deux camps mais la réalité s’impose tout de même comme étant plus complexe et on verra que chacun a son point de vue bien à lui et qu’il existe des rapports de force divers au sein même des deux « camps ». Le Monde Sauvage est d’ailleurs assez varié et tous n’ont pas le même abord avec le monde des humains.
Qui dit fantasy dit souvent magie. C’est effectivement le cas avec le Chevalier rouge. Je trouve l’approche de Cameron à ce sujet assez intéressante, avec une orientation magie élémentaire. Les interrogations de certains personnages sur la nature et les limites de cette magie contribuent aussi à donner de la consistance à la chose. L’action est évidemment présente dans le récit et on n’échappe pas à certains aspects des conflits parfois balayés un peu facilement dans certains bouquins : importance du moral, nécessité de la logistique, le fait qu’une victoire sur un champ de bataille n’offre pas toujours un gain dans un conflit, voire que certaines défaites valent plus que certaines victoires, etc. Cameron développe bien le sujet et rend tout ça assez crédible.
Volumineux, l’ouvrage est assez dense en évènements mais se lit plutôt rapidement. Le Chevalier rouge a le mérite de disposer d’un semblant de fin qui permet au lecteur de se reposer un peu avant d’entamer le volume suivant. Je sens bien que je n’ai vu qu’une petite partie d’un conflit plus vaste et je compte bien y retourner un jour pour approfondir le sujet, car j’ai vraiment pris plaisir à lire ce roman.
Le chevalier rouge (The Red Knight)
de Miles Cameron
traduit par Caroline Nicolas
illustration de Didier Graffet
éditions Bragelonne / Milady
827 pages (grand format) 1344 pages (poche)
Disponible en numérique chez 7switch
J’ai également beaucoup aimé ce premier tome.
Effectivement, ce que tu dis au sujet de la fin est à souligner car, le livre peut se lire seul ou nous pouvons poursuivre dans cet univers.
si tu n’y vois pas d’inconvénient je te mets en lien vers ma chronique.
Depuis quelques temps, j’apprécie de plus en plus que les bouquins qui font partie d’une série/cycle ne donnent pas l’impression d’être juste la mise en place dans le cas du premier tome. Le fait d’avoir un premier volume qui permet de s’arrêter tranquillement a certes le « défaut » (en tout cas pour la chaîne du livre) que rien n’oblige à lire la suite. Et dans plusieurs cas de ce type, je ne compte pas continuer les séries en question. Mais je trouve que justement, le fait de lire le volume suivant montre bien que le premier était vraiment intéressant et a donné quand même envie de lire la suite. Que cette envie n’est pas juste motivé par l’envie de connaître la résolution de quelque cliffhanger parfois très artificiel.
En tout cas, quelques mois après avoir fini Le Chevalier rouge, j’ai toujours envie de lire le volume suivant et je ne pense pas que cette envie devrait se tarir rapidement. 🙂
J’ai beaucoup apprécié ce livre et les deux suivants. Le problème c’est que j’ai le désagréable sentiment que Bragelonne ne va pas publier la suite car ce n’est pas une trilogie mais une pentalogie. Le 4e tome (A plague of swords) a paru en octobre et mes questions à Bragelonne quant à leurs projets à son sujets sont toujours sans réponse.
Il me semble que le deuxième sort en poche ce mois-ci, je suppose que l’éditeur doit scruter un peu les ventes de cette reprise poche avant de décider de l’avenir de cette série. Ce que je peux comprendre, vu le volume de texte de chaque roman, l’investissement doit être conséquent. Mais il serait quand même dommage que les lecteurs francophones soient privés de la fin de cette série (comme pour les Princes Marchands par exemple 😉 ).