Je poursuis tranquillement ma relecture de la Compagnie Noire de Glen Cook. Après avoir terminé les trois premiers romans, qui forment plus ou moins une trilogie, voyons un peu comment Toubib et ses camarades mercenaires se débrouillent dans ce quatrième épisode, intitulé Jeux d’ombres.
La Compagnie Noire n’est plus que l’ombre d’elle-même et n’a plus ni client, ni cause à servir. Bombardé capitaine, Toubib décide alors de satisfaire une vieille marotte : ramener la compagnie vers sa terre d’origine, Khatovar. Où que cela puisse être.
Le retour au sein de la Compagnie se fait sans soucis. Toubib s’occupe toujours des annales et on replonge donc facilement dans le récit. Si l’on retrouve encore quelques têtes connues, notamment l’infernal duo Qu’un-Œil / Gobelin, la Compagnie recrute le long de son voyage. Et ce dernier est long. On voyageait déjà pas mal dans les ouvrages précédents mais cette fois le parcours est sans commune mesure avec celui effectué auparavant. Et Cook fait les choses assez rapidement pour se consacrer à l’essentiel. Une fois encore, cette concision est la bienvenue.
S’il reste peu de personnages que le lecteur connait déjà, on garde quand même quelques points de repère utiles et les nouvelles têtes qui font leur apparition s’intègrent plutôt bien dans le paysage. D’ailleurs, il est intéressant de voir comment la Compagnie se reforme, ainsi que la façon dont elle interagit avec ses nouveaux clients. Cook trace un portrait intéressant de l’empire de la Dame en évitant le cliché du pays qui s’effondre du jour au lendemain. L’inertie administrative fait son office. On voit aussi comment les personnages essayent de s’adapter à leur nouvelle situation, en particulier Madame. On sent la Compagnie à la recherche d’un nouvel équilibre interne. Entre le souvenir de ce qu’elle a pu être pour ses membres les plus anciens, les aspirations des nouvelles recrues et le contexte politique des lieux que la Compagnie traverse, on sent bien que les choses ne sont pas simples et que tout ça est encore loin d’avoir trouvé son oasis de quiétude.
Si les trois premiers romans formaient une sorte de trilogie, on pouvait néanmoins arrêter assez facilement la lecture après chaque volume. Cette fois, si la fin offre un minimum de conclusion sur certaines questions, on reste tout de même avec suffisamment d’éléments en suspens pour que la lecture de l’épisode suivant apparaisse nécessaire.
Cette relecture s’est aussi bien passée que pour les volumes précédents. La Compagnie part vers de nouveaux horizons et affronte un nouveau défi. L’ambiance est parfois différente, mais on revient vite vers ce récit de vie militaire, avec un narrateur qui perd rarement de vue ces impératifs logistiques qui dictent bien souvent la conduite d’un conflit. La fin de volume est annonciateur de changement et l’on verra après la relecture de l’épisode suivant ce que tout ce petit monde devient.
Jeux d’ombres (Shadow Games)
de Glen Cook
traduit par Alain Robert
illustration de Didier Graffet / Johan Camou
éditions L’Atalante / J’ai Lu
368 pages (moyen format) 384 pages (poche)