Petit à petit, je m’approche de la dizaine d’épisodes pour la série Honor Harrington. Voyons si ce neuvième opus, intitulé Les cendres de la victoire, parvient à redresser un peu la barre après quelques épisodes où les défauts se faisaient de plus en plus présents.
Suite à son évasion spectaculaire, Honor Harrington revient sur le devant de la scène et participe à l’élaboration des nouvelles stratégies du royaume de Manticore. Pendant ce temps, la République de Havre se restructure et prépare de nouveaux plans.
Sans surprise, je retrouve les mêmes défauts et les quelques mêmes bons points que dans les volumes précédents. Harrington est coincée hors du champ de l’action militaire, mais Weber nous propose quand même quelques batailles et un peu d’action, ce qu’il continue de faire relativement bien. Par contre, pour le reste on peut dire qu’on a lu mieux ailleurs. De façon générale, on trouve des longueurs un peu partout dans le récit et le découpage français n’aide pas puisque ça accentue le fait que l’ensemble du premier volume est assez inutile. Weber veut tout expliquer systématiquement, ce qui alourdit sensiblement son récit. Que ce soit volontaire ou non, on sent qu’il souhaite convaincre le lecteur du bienfondé des idées que ses personnages tentent de défendre, du moins de ceux qui sont du « bon » côté. Les protagonistes bénéficient donc d’introduction assez longues et régulièrement passablement inutiles. Le côté binaire de la répartition des rôles est toujours aussi présent. Honor et ses potes sont toujours bardés de qualité, modestes au possible et ont des opinions présentées par l’auteur comme évidemment de bon sens. Et leurs adversaires politiques sont globalement incompétents, orgueilleux, vantards, etc. tout en ayant des conceptions naturellement présentées comme stupides et faites pour mener le royaume à la ruine. Bref, le tableau n’est pas très nuancé. Et si l’idée qu’une mauvaise politique peut réduire à néant les gains engrangés par des militaires compétents est tout à fait cohérente, la démonstration qu’en fait Weber est assez ridicule. Ce qui est bien dommage parce qu’on peut faire ce genre de chose tout en gardant un minimum de subtilité.
Bref, une fois encore il vaut mieux être capable de faire abstraction de la qualité des personnages et se satisfaire de leur répartition binaire pour continuer à lire les aventures d’Honor Harrington. L’évolution de la République de Havre présente une fois encore plus d’intérêt que le royaume de Manticore, la situation politique de ce dernier prenant même un tour grotesque. L’action spatiale est heureusement présente pour me permettre de tenir à travers ce qui prend parfois des airs de pensum.
Honor Harrington, c’est un peu comme la guerre d’usure : pour avoir une chance d’en voir le bout, il faut s’accrocher et accepter de souffrir. Je ne désespère pas encore d’arriver au bout de la série, mais il faudra que le dosage de « bonne » action spatiale soit sérieusement revu à la hausse pour amoindrir la présence de la politique manticorienne qui sombre par moment dans la débilité. Le prochain épisode sera le dixième, peut-être l’occasion d’un bilan d’ensemble.
Les cendres de la victoire (Ashes of Victory)
de David Weber
traduit par Florence Bury
illustrations de Vincent Madras
éditions L’Atalante
432 et 416 pages (format moyen)
Disponible en numérique chez 7switch