A l’occasion du salon des Imaginales de 2013, j’ai eu la chance de rencontrer Alastair Reynolds. Et j’en ai profité pour acheter ce qui à l’époque était son dernier roman en date, Blue Remembered Earth, premier volume d’une trilogie. Puis le livre va rejoindre ses nombreux camarades non lus dans la bibliothèque. Quelques années plus tard, je réalise que l’ouvrage a été traduit en français, sous le titre La Terre bleue de nos souvenirs, et que le dernier volume de la série ne devrait plus tarder à venir chez nous. Il est donc peut-être temps que je me décide à lire ce livre.
XXIIe siècle, après avoir bien souffert l’environnement terrestre se remet des errances de l’espèce humaine, laquelle à commencer à coloniser le reste du système solaire, sous l’impulsion de la Chine, l’Inde et l’Afrique. Lorsque la matriarche du puissant clan Akinya décède Geoffrey et Sunday, deux de ses petits-enfants, se retrouvent plongés dans une sorte de chasse au trésor.
L’un des objectifs de Reynolds en écrivant cette trilogie était de produire quelque chose de plus positif que ses précédents ouvrages et pas dans un monde centré sur l’Europe et les États-Unis. De ce point de vue, c’est clairement réussi, surtout si l’on compare ce premier volume à ceux du cycle des Inhibiteurs, l’univers y semble moins froid. L’humanité a réussi à passer le moment le plus difficile de son histoire. L’environnement est à nouveau respecté, la guerre et ses horreurs ne sont plus qu’un souvenir de plus en plus lointain et de façon générale la violence est bannie de la société. Ceci a un prix bien évidemment : chacun est plus ou moins surveillé et si un individu semble sur le point de commettre un acte violent, il en est empêché, voire peut-être contraint à une sorte de lavage de cerveau pour neutraliser ses pulsions violentes. On ne sera pas étonné de voir que certains refusent de vivre dans cette société sous surveillance et ces réfractaires peuvent trouver refuge en divers endroits du système solaire. Ce dernier est vaste et il y a de la place pour tous. On aura l’occasion de visiter quelques-uns de ces endroits pendant le récit.
Si l’univers et l’ambiance de ce roman sont assez éloignés de ceux du cycle des Inhibiteurs, on en retrouve par contre un peu le rythme. Reynolds prend son temps et si l’intrigue démarre assez rapidement, elle avance tranquillement. Pourtant, l’auteur a su faire quelques ellipses. Le récit est centré sur Geoffrey et Sunday puisque l’on suivra essentiellement leurs points de vue. Les autres protagonistes croisés seront assez variés, le duo de cousins Lucas et Hector offrant une belle paire de têtes à claques. Au-delà d’une chasse au trésor et du mystère que ce dernier peut bien représenter, Reynolds raconte une histoire de famille. Une famille où le deuil rapproche certains membres tout en exacerbant les tensions entre d’autres. Et où l’on constate que la défunte cachait certaines facettes de sa personnalité et de son passé. Bref, une fois évacué le décor exotique spatial et le merveilleux scientifique qui l’accompagne, une histoire très ordinaire, de celles qui peuvent parler facilement au lecteur.
Reynolds sait proposer des univers pleins de détails et d’idées intéressantes. Ce roman n’y fait évidemment pas exception et l’auteur a su m’épater avec quelques trucs originaux, notamment un combat de robots un peu particulier. On voit aussi que si les grands conflits que l’humanité a connus sont en bonne partie de l’histoire passée, il y a toujours des motifs de divisions. On perçoit même les premiers éléments d’une scission possible de l’espèce et d’une probable révolution ou évolution qui touchera l’ensemble de l’humanité. Le récit a aussi réussi à me surprendre un peu. Je m’aperçois aussi que le mystère qui m’a le plus intéressé dans l’ouvrage était peut-être le plus anodin du lot. Probablement parce que c’est aussi celui qui concernait le plus directement certains personnages. Bien qu’ayant lu l’ouvrage en anglais, je dois dire que je trouve la couverture française du grand format très jolie. Ça change de ce que l’on trouve habituellement pour les space-operas tout en représentant un des aspects de l’ouvrage.
Avec La Terre bleue de nos souvenirs Alastair Reynolds propose un premier volume de trilogie qui apporte pas mal de choses intéressantes, avec un abord assez positif de notre avenir, ce qui est agréable. La fin du roman laisse des pistes intéressantes pour le reste de la série, tout en apportant suffisamment pour que le lecteur qui ne souhaite pas continuer l’aventure ne se sente trop frustré. Mais personnellement, je compte bien poursuivre l’aventure avec le volume suivant.
La Terre bleue de nos souvenirs (Blue Remembered Earth)
d’Alastair Reynolds
traduit par Laurent Queyssi
illustration de Fred Augis (poche)
éditions Bragelonne/Milady
576 pages (grand format) 768 pages (poche)
disponible en numérique chez 7switch
Il faut que je lise la suite moi aussi. J’ai beaucoup aimé ce premier tome, c’est chouette de lire de la SF plutôt positive. Et j’avais bien aimé le côté aventure aussi.