Depuis quelques temps, je multiplie les relectures. Il s’agit évidemment de livres qui m’ont plu la première fois et qui ont laissé une trace un peu particulière dans mon parcours de lecteur. Mais rien de l’ampleur de celle de Fondation ni aussi « ancien ». L’un des grands classiques d’Isaac Asimov et l’une des étapes clé dans ma vie de lecteur. Un ouvrage que je n’ai pas relu depuis lors, c’était il y a plus de vingt ans. Mes exigences ont depuis évolué et il est donc intéressant de voir si cette œuvre est toujours capable de me plaire.
L’Empire symbolise le règne de l’humanité à travers toute la galaxie. Mais l’Empire est mourant. Du moins c’est ce que prétend Hari Seldon, créateur d’une nouvelle science, la psycho-histoire, qui permet de prédire statistiquement l’avenir. Et à cet effondrement doit succéder trente millénaires de chaos avant qu’un nouvel empire n’émerge. Mais Seldon a une solution pour raccourcir cet intervalle à seulement un millénaire : la création d’une fondation pour préserver le savoir humain.
Le retour dans l’univers de Fondation se fait très bien. Asimov est connu pour avoir un style assez simple et ça aide peut-être à la facilité avec laquelle je replonge dans ses textes. Les dialogues sont nombreux et contribuent assez bien à l’avancée de l’intrigue, sans pour autant négliger complètement les descriptions. Trantor reste Trantor et même après une paire de décennies à lire de la SF, je ressens encore un petit quelque chose devant cette planète recouverte par une unique cité.
A l’origine, Fondation n’est pas un roman mais une série de quatre nouvelles parues en magazine et regroupées en un volume avec une cinquième nouvelle. Cette origine se sent un peu dans la structure du récit, coupé en cinq parties et en cinq époques. On trouve ainsi quelques répétitions à chaque partie, permettant de redonner rapidement le contexte. Ces passages étant heureusement assez courts (merci la concision d’Asimov) cela n’est pas vraiment gênant à la lecture. De plus, ces redites sont généralement couplées avec une présentation des événements intervenus depuis la fin de la partie précédente, ce qui les rend finalement assez intéressantes.
Les œuvres de SF sont parfois assez sensibles au vieillissement et si le côté suranné de certains vieux ouvrages peut être agréable, cela peut aussi parfois constituer un frein à la lecture. Sur ce plan, Fondation s’en sort plutôt assez bien. Les nouvelles ont été écrites dans les années 1940 et si cela se sent, c’est probablement plus au niveau de cette concision que l’on trouvait aisément à l’époque et qui fait maintenant un peu défaut aux auteurs d’imaginaire. En effet, Asimov a assez bien évité de recourir à des éléments technologiques facile à dater. On a ainsi un livre qui se lit toujours bien au vingt-et-unième siècle sans que l’on hausse trop les sourcils.
La relecture de ce grand classique s’est faite avec beaucoup de plaisir. Des personnages comme Hari Seldon, Hobert Mallow ou Salvor Hardin sont fidèles au souvenir que j’en avais. La maxime la plus marquante de ce dernier semble toujours aussi pertinente : La violence est le dernier refuge de l’incompétence. L’idée de fond de la série est aussi toujours parlante de nos jours : le savoir comme rempart au chaos et à la violence. En une ère de fake news et où l’une des premières puissances mondiales est dirigée par des climatosceptiques, le propos n’a en fait pas pris une ride et gageons que dans soixante-dix ans, Fondation parlera toujours autant à ses lecteurs.
Fondation (Foundation)
d’Isaac Asimov
traduit par Jean Rosenthal & Philippe Gindre
illustration de Alain Brion
éditions Folio SF
416 pages (poche)