Alastair Reynolds est un auteur de science-fiction que j’apprécie beaucoup. Il m’est arrivé de laisser passer beaucoup de temps entre deux volumes de son cycle des Inhibiteurs. J’ai décidé d’être un peu plus rapide sur sa dernière série en date, Les enfants de Poséidon. Il s’est donc écoulé moins d’un an depuis ma lecture de La Terre bleue de nos souvenirs, ce qui n’est pas très long chez moi, avant que je ne me lance dans le deuxième volume de cette trilogie : Sous le vent d’acier.
Près de deux siècles ont passé depuis que Geoffrey et Sunday Akinya ont découvert l’héritage de leur grand-mère Eunice. Chiku Akinya est la fille de Sunday. Ou plutôt les filles puisqu’en recourant au clonage elles sont devenues trois, reliées par un implant leur permettant de partager leurs expériences alors qu’elles s’engagent dans trois voies différentes. Si Chiku Jaune reste sur Terre, Chiku Rouge se lance à la recherche du vaisseau de son arrière-grand-mère, tandis que Chiku Verte s’embarque dans l’un des vaisseaux qui partent pour coloniser Creuset et étudier le mystérieux Mandala.
Quelques mois après la lecture du précédent volume, le retour dans cet univers se fait assez facilement. Si je conseille vivement la lecture de La Terre bleue de nos souvenirs avant celle de Sous le vent d’acier, je pense qu’un lecteur un peu attentif doit pouvoir s’y lancer directement (mais je n’en verrai pas vraiment l’intérêt). Si l’on recroise occasionnellement quelques personnages et lieux aperçus dans le premier volume, on suit surtout de nouveaux protagonistes et l’on visite divers nouveaux endroits. L’intrigue couvre beaucoup plus de temps que dans La Terre bleue de nos souvenirs. Le récit fait en particulier des aller-retours entre Chiku Jaune sur Terre et Chiku Verte en route vers un autre système stellaire et donc à des années-lumière de sa « sœur ». Tout comme Janus ou dans certains de ces livres du cycle des Inhibiteurs, Reynolds est un peu forcé par la contrainte du voyage interstellaire à une vitesse infraluminique à avoir un récit qui s’étale dans le temps. Ceci n’est pas gênant et permet de voir comment les personnages évoluent avec le temps mais aussi d’observer les changements dans la société à bord des vaisseaux interstellaires. J’ai l’impression que Reynolds aime bien écrire du space opera dans des univers où la vitesse de la lumière reste la limite ultime en la matière.
La Terre bleue de nos souvenirs était une histoire de famille tourmentée par le deuil et un héritage. Si on reste dans la famille Akinya et que les Chiku n’en sont pas les seules représentantes c’est cependant autour de ce trio qu’est vraiment centré le récit. C’est donc l’histoire d’une personne qui en est trois tout en étant qu’une, d’une certaine façon. L’idée technique derrière ce curieux phénomène est intéressante et les échanges de souvenirs entre les différentes versions d’une même personne provoquent inévitablement quelques confusions. Cette technique a aussi un effet secondaire un peu étrange qui est d’ailleurs le point de départ du roman.
Comme dit un peu plus haut, Reynolds va nous emmener dans des endroits différents du premier volume. Et c’est toujours un plaisir de découvrir de nouveaux paysages ou des environnements originaux. Si les éléphants sont moins présents que dans le précédent opus, ils ont quand même quelques passages pour eux et je suppose qu’on les reverra dans le dernier tome de la trilogie. Bien que cet aspect prenne un côté un peu anecdotique, c’est un élément de cet univers dont je suis la progression avec intérêt. La provolution (ou élévation pour ceux qui connaissent l’univers du même nom de David Brin) est un thème intéressant et même s’il n’est pas central au récit mais plutôt utilisé de façon a priori anecdotique, j’ai toujours plaisir à le voir aborder.
Sous le vent d’acier est une lecture plaisante. La saga de la famille Akinya continue, Reynolds nous fait voyager et propose de nouvelles énigmes. L’ouvrage se finit avec quelques questions en suspens et je trouve qu’il appelle plus la lecture du volume suivant que ne le faisait La Terre bleue de nos souvenirs. Je ne vais donc pas trop tarder avant de lire Dans le sillage de Poséidon.
Sous le vent d’acier (On The Steel Breeze)
d’Alastair Reynolds
traduit par Laurent Queyssi
illustration de Dominic Harman (poche)
éditions Bragelonne/Milady
550 pages (grand format) 768 pages (poche)
disponible en numérique chez 7switch