Les aléas des envies de lecture font que l’on délaisse parfois un peu une série que l’on apprécie avant d’y revenir. C’est ce qui est arrivé avec la série Le dernier apprenti sorcier de Ben Aaronovitch. Après la lecture de Broken Homes (Le rêve de l’architecte) j’ai laissé pas mal de temps s’écouler. Mais récemment mon regard est tombé sur le volume suivant, Foxglove Summer (Les disparues de Rushpool), dans ma bibliothèque et j’ai senti que le moment était venu de me replonger dans les aventures de Peter Grant. Mon intuition était-elle bonne ?
Peter Grant délaisse le tumulte londonien et va faire une tour à la campagne. Mais pas vraiment pour prendre l’air ni de son plein gré. Deux jeunes filles ont disparues dans la bourgade de Rushpool et Peter est missionné par Nightingale pour s’assurer que l’un de ses anciens collègues qui a pris sa retraite à proximité n’est pas impliqué dans l’affaire. Libre à lui ensuite de prêter main forte aux forces de police locales pour retrouver les deux jeunes filles.
Jusqu’ici, la série s’était principalement concentrée sur la grande métropole britannique et il aurait été dommage que l’on n’aille pas jeter un œil sur la campagne. D’une part parce que cela paraît toujours un terreau intéressant pour les créatures fantastiques, d’autre part parce que vu par le prisme urbain de Peter Grant cela offre une sorte d’exotisme. Et je n’ai pas été déçu. Sur le dernier point, Peter a évidemment un regard assez amusant sur cette campagne où tout le monde semble connaître tout le monde, où l’on peut entrer par l’arrière cour d’une maison pour éviter la presse et où l’agriculture et la nature se rappellent parfois à vous de façon un peu déplaisante et généralement odorante. Sur le premier point, on ne sera pas surpris si Peter fait quelques découvertes concernant la faune des campagnes britanniques. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié tout ce qu’Aaronovitch nous propose à ce sujet et j’espère qu’il saura non seulement en faire un peu usage par la suite mais aussi continuer à enrichir son bestiaire fantastique de façon aussi satisfaisante.
L’une des choses que j’apprécie dans cette série, c’est le côté expérimentateur de Peter Grant et sa façon d’essayer de rationaliser l’art magique. A force d’expériences et d’observations, il commence à tracer un cadre dans lequel il peut s’organiser et tenter d’innover. On en voit quelques fruits dans cet épisode. Pour faire le parallèle avec une autre série littéraire britannique que j’apprécie beaucoup, la Laverie de Charles Stross, Peter Grant est un peu le précurseur qui défriche le terrain sur lequel Bob Howard travaille.
J’ai plaisir à retrouver l’humour de Peter Grant, tant dans ses rapports avec la hiérarchie et l’administration (un point sur lequel on retrouve aussi Charles Stross avec sa série) que dans sa découverte de la campagne. Les références à la culture britannique et/ou geek sont toujours assez plaisantes à repérer.
En parallèle de cette affaire d’enlèvement et de la découverte de la campagne, Aaronovitch ne délaisse pas complètement ses fils rouges. On suit quelques unes des conséquences de la fin du volume précédent et Peter parvient à en apprendre un peu plus sur les actions de son mentor et de ses collègues pendant la seconde guerre mondiale.
Les retrouvailles avec Peter Grant se sont donc fort bien passées et je compte me lancer assez rapidement dans la lecture de l’épisode suivant : The Hanging Tree (l’arbre des pendus en français). Note en passant, j’ai lu l’ouvrage en anglais et je trouve un peu dommage le titre français qui lui a été choisi : il me semble d’une banalité sans pareil là où le titre anglais m’interpelle un peu. Du temps que j’y suis, je préfère aussi nettement les couvertures originales à celles produites pour l’édition française. Celle de ce volume en particulier trouve en plus le moyen d’en dévoiler un peu trop à mon goût.
Les disparues de Rushpool (Foxglove Summer)
de Ben Aaronovitch
traduit par Benoît Domis
éditions J’ai Lu
380 pages (poche)