J’ai pas mal parlé sur ce blog des aventures de Thursday Next de Jasper Fforde, mais je n’avais chroniqué que le premier volume de son autre série traduite en français : Jennifer Strange. Voyons donc un peu comment se poursuit cette série avec Jennifer Strange, dresseuse de quarkons.
Jennifer Strange est toujours gérante temporaire de Kazam, le Grand Zambini n’étant toujours pas réapparu de façon permanente. L’agence continue de vivoter en acceptant toutes sortes de contrat, y compris la recherche d’objets perdus, comme un anneau par exemple, tout en essayant d’enrichir ses effectifs et de ne pas tomber sous la coupe de leurs concurrents d’iMagie.
Le retour dans l’univers des Royaumes Désunis se fait très facilement. Jennifer nous accompagne et resitue rapidement les différents éléments que l’on a pu rencontrer dans le premier volume. On retrouve d’ailleurs dans cet univers pas mal d’éléments que connaissent les lecteurs de Thursday Next. Le royaume de Snodd est plein de trucs décalés et idiots. Les praticiens en magie doivent remplir des formulaires au moindre sort lancé. Ce côté administratif n’est d’ailleurs pas exclusif aux univers de Jasper Fforde. Je le retrouve dans celui des aventures de Peter Grant chez Ben Aaronovitch ainsi que dans la série de la Laverie de Charles Stross. Il me semble que les auteurs britanniques aiment bien se moquer de leur administration, chose que je vois assez peu chez les américains (à part quelques exceptions comme dans Le samouraï virtuel de Neal Stephenson).
Le parallèle avec Thursday Next se fait aussi dans l’intrigue. Jennifer Strange et ses collègues vont devoir faire face à divers problèmes, lesquels vont aller en empirant. Leurs adversaires sont odieusement détestables et ne reculent devant aucun coup bas pour tenter de l’emporter. On reconnaît d’ailleurs un peu de Goliath dans iMagie. Les retournements de situation improbables sont évidemment de la partie. Bref, on a l’impression d’être en territoire connu et si c’est un peu convenu sur la forme (bon, soyons honnête ça l’est même carrément) c’est fort bien fait et ça se lit avec beaucoup de plaisir.
Une des choses que j’aime dans les livres de Fforde, ce sont tous les petits détails parfois absurdes et souvent bien pensés que l’auteur sème un peu partout. Cela donne une vraie consistance à ses univers et amène régulièrement de petits sourires. Dans le cas de Jennifer Strange, j’apprécie entre autres la façon dont Fforde présente la magie. On sent quelque chose qui se rapproche un peu de l’informatique, avec ces langages qui évoluent, ces longs efforts pour un résultat frustrant et le bonheur des bugs qui viennent tout mettre par terre. J’ai aussi beaucoup apprécié le passage avec les trolls et leur point de vue sur l’humanité.
Sans surprise, la relecture de Jennifer Strange, dresseuse de quarkons s’est très bien passée. Fforde est toujours délicieux à lire et c’est avec joie que je vais pouvoir me lancer dans la lecture du volume suivant, inédit en français : The Eye of Zoltar. La série a visiblement été abandonnée par son éditeur français. Je me permets d’ailleurs de dire que je pense que ce dernier a foiré son ciblage avec les couvertures des deux premiers volumes. Dommage.
Jennifer Strange, dresseuse de quarkons (The Song of the Quarkbeast)
de Jasper Fforde
traduit par Michel Pagel
illustration de Marko Tardito
éditions Fleuve Noir
308 pages (grand format)
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